Message d’Arnaud Dudu à mes Mathmitons :

L’article entier est ici, et il est pour vous, bâtisseurs de mathématiques et de châteaux !

L’article entier est ici, et il est pour vous, bâtisseurs de mathématiques et de châteaux !
J’ai écrit un article plus tôt sur carré et rectangle ; et lorsque je l’ai écrit, je n’ai pas compris que l’exercice s’adressait à des élèves de cycle 1. Du coup, mon article ne répond pas à la problématique (mais à une autre) : en cycle 1, difficile de commencer à parler de cas particuliers…
J’ai donc réfléchi dans le sens du cycle 1. Le programme indique :
Très tôt, les jeunes enfants discernent intuitivement des formes (carré, triangle, etc.)
https://eduscol.education.fr/document/7883/download
Le « etc. » est source de perplexité… mais ensuite c’est plus explicite :
L’enseignant utilise un vocabulaire précis (cube, boule, pyramide, cylindre, carré, rectangle, triangle, cercle ou disque – à préférer à « rond ») que les enfants sont entraînés ainsi à comprendre d’abord puis à progressivement à utiliser.
https://eduscol.education.fr/document/7883/download
En fin de maternelle, les enfants doivent :
Savoir nommer quelques formes planes (carré, triangle, cercle ou disque, rectangle) et
https://eduscol.education.fr/document/7883/download
ce dans toutes leurs orientations et configurations.
Alors comment faire en cycle 1 pour permettre aux enfants de nommer carrés et rectangles sans contribuer à construire des représentations fausses tenaces ? Pas fastoche, et j’avais bien botté en touche dans mon précédent article.
Je pense que justement tout réside dans le fait de botter en touche d’un côté en étant explicite de l’autre :
Ce n’est vraiment qu’une proposition, mais que j’ai déjà animée dans plusieurs classes de cycle 1, en allant parfois plus loin encore, avec certains élèves ou le groupe (et parfois pas). L’objectif serait « juste » de naviguer en n’ancrant pas des représentations mentales fausses, sans catégoriser en opposant. Mais on est d’accord, c’est du travail d’équilibriste : difficile de conjuguer cet objectif avec l’objectif d’acquisition du vocabulaire… La didactique de maternelle est bien, bien délicate (et passionnante) !!!
Nous avions commencé de construire un château de cartes illustrant le problème du château de cartes. Il s’agissait de construire un château de 31 étages, avec 31 piliers de 2 cartes à la base. Mais voilà, le château s’est écroulé, trois fois. Trois fois les élèves ont reconstruit. A la quatrième fois, aujourd’hui, je les ai amenés à abandonner pour cette année : ils étaient arrivés au 17e étage, mais la gravité a eu raison de leurs efforts.
Pour l’année prochaine, ils réfléchissent à une méthode qui leur permettrait d’aller encore plus haut. Ils avaient déjà pensé un dispositif de renforcement, mais cela n’a pas suffi. Pourtant ils ont fait preuve d’une belle opiniâtreté !
Je m’exprime peu sur la situation politique de l’éducation, ces derniers temps, pour deux raisons : je n’ai que peu de temps et des urgences à gérer, et en général j’essaie de ne pas m’exprimer sous le coup de la colère. Le problème, c’est que j’ai peur d’être en colère en continu, maintenant.
Comment est-il possible que celles et ceux qui décident ne perçoivent pas l’absurdité de la situation et l’inanité à moyen et long terme de leurs réactions ?
Le recrutement d’enseignants en maths inquiète, mais pas seulement : en allemand aussi, la situation est très tendue. Même en EPS où la désaffection ne se manifestait pas encore, c’est aujourd’hui le cas. Et côté professeurs des écoles ? Pas mieux, loin de là :
Les résultats du concours de profs des écoles sont tombés aujourd’hui pour les académies de Paris, Créteil et Versailles : 180 admissibles pour 219 postes à Paris, 521 admissibles pour 1079 postes à Créteil et 484 admissibles pour 1430 postes à Versailles. Une catastrophe.
Benjamin Bauné
Au-delà des bourrages de mou et des jolies images, le gouvernement (et la société) se rendent-ils comptent de la gravité de la situation ? L’école enseigne, éduque, apprend. Que devient une société avec une école défaillante ?
Mon créneau 11h10-14h40 :
Je rappelle que les 5e ont 3 heures et demie de maths hebdomadaires… Evidemment ça tombe sur ma 5e (j’en ai 3) la plus en difficulté et avec un nombre d’élèves aux comportements potentiellement inattendus plus important. C’est un challenge d’arriver à concilier cet emploi du temps et une programmation, pour que chaque heure demeure un temps d’apprentissage.
Bon voilà, c’est demain. Encore. Ce n’est qu’une semaine sur deux, mais cela reste compliqué et sans doute bien difficile pour les élèves… Ils ont le temps de se remettre l’autre semaine : je les vois deux heures seulement.
Avec CNews, on est sûrs de ne jamais s’ennuyer. Même moi qui n’ai pas la télé, ils arrivent à me distraire, c’est tout de même formidable…
Alors :
C’est proprement scandaleux, à de multiples égards : non seulement produire jusqu’à la diffusion un diagramme aussi ridicule montre des lacunes de logique inquiétantes pour qui travaille à la diffusion de l’information, mais c’est aussi un mépris affiché pour les spectateurs. Encore une fois, cela montre comme personne n’en a rien à faire de la teneur des informations diffusées. On peut aussi s’interroger sur la valorisation visuelle des extrêmes pour les enseignants, absentes pour l’ensemble des électeurs.
C’est une honte et j’en ai RAS LA CASQUETTE, même si me faire porter une casquette est perdu d’avance. On pourrait voir là un argument pour appuyer la réapparition des maths dans le tronc commun, mais en l’occurrence on est bien au-delà : mes élèves de 6e riront en voyant ces représentations de données, et tout de suite ! Il y a un problème de niveau, de souci d’avoir un niveau minimum, mais aussi de professionnalisme et de déontologie.
Merci à la tornade prof de théorèmes qui m’a transmis cette merveille ! 🙂
Je reçois de gentils messages de lecteurs qui s’inquiètent de mon coup au moral suite aux annonces gouvernementales, suivi d’un silence inhabituel. La raison en est simple : j’ai la grippe (ou le covid, mais sans doute la grippe). Aujourd’hui, j’ai donc végété dans ce genre là, même pas capable de rédiger un articlounet :
Au moins, j’ai fini Disco Elyseum. C’est déjà ça.
Cela fait trois brouillons d’articles que j’écris, suite aux déclarations de monsieur Macron hier. Trois brouillons que j’efface, parce que j’essaie ici de transmettre de l’énergie ; ni du dégoût, ni du découragement.
Hé bin c’est pas facile.
C’est fort, de pourrir le bonheur d’exercer un si beau métier. C’est le résultat d’un travail collectif soigneux.