C’est la faute à mon mari
Depuis début juillet, nous nous sommes consacrés aux déménagements de nos enfants (trois sur quatre, quand même, ils ont fait fort), et à rénover une maison. Nous avons monté des taaaaas de meubles, déplacé des tooooonnes de cartons, étalé les liiiiiiitres d’enduit et de peinture, posé des mèèèèètres carrés de revêtements de sol, fait le ménage de trooooooop d’appartements.
Hé bien là, cela fait une dizaine de minutes que je suis rentrée du périple d’aujourd’hui, qui a consisté à finaliser un des déménagements, à emmener une machine à laver, à rencontrer l’agent immobilier le plus désagréable de tous les temps, à livrer ladite machine à laver à un autre de nos enfants (dans une autre région, c’est plus drôle), et en plus hier soir nous avons (presque, il reste toujours des choses à faire dans une maison) terminé nos rénovations.
Voilà.
J’ai donc le grand plaisir de m’assoir dans mon fauteuil de bureau, d’allumer mon ordinateur et de m’adresser à vous, et, croyez-moi, cela me fait vraiment du bien.

Bon alors j’en profite pour vous raconter une histoire.
Hier, entre une tentative avortée de faire rentrer un sommier dans notre voiture et la joie de poser des stores fixés dans un plafond, nous nous sommes fait un petit resto. Pas loin de nous, une famille déjeunait. Les enfants avaient besoin de s’occuper, normal. La maman distrayait son fils avec des jeux dans une sorte de magazine. Au moment de payer, nous étions tout près d’eux. Le garçon (je dirais CE1-CE2) s’interroge :
Trouve les losanges… Qu’est-ce que c’est déjà un losange ? Ah oui je sais, c’est un carré en diagonale !
Là, mon sang n’a fait qu’un tour. Non pas pour aller lui dire, ou à sa maman qui le félicitait, qu’il fallait arrêter de dire des bêtises non mais ho hé, mais pour leur faire découvrir la vérité du carré, la nature profonde du losange, les liens fraternels qui les unissent. Pleine de bonne volonté et de pulsion pédagogue, j’étais prête à donner de mon énergie pour partager du savoir, tout en douceur et en joie… J’ai regardé mon mari, qui m’a fait non-non-non de la tête.
Pas question. Reste tranquille. Tu vas lui causer un traumatisme à vie, à ce gamin. Imagine, tu déjeunes tranquillement au resto avec tes parents, tu joues, et là paf, tu as une prof de maths qui fait irruption dans tes vacances pour te raconter le losange…
J’ai été aussi sage que vexée. Mais j’ai bien expliqué à mon mari qu’à cause de lui, des obstacles épistémologiques, didactiques ou autre chose en -ique allaient s’enraciner dans la société. Ce n’est pas bien, ça, pas bien du tout. Et c’est de sa faute, directement.
Sortis du resto, nous avons discuté de la « définition » du losange de cet enfant. Mon mari trouvait que « diagonale », c’était pas mal, parce que c’est un mot mathématique. Moi, je préfère encore de travers, je crois : diagonale de quoi ? Par rapport à quoi ? Selon mon mari, qui décidément est fatigué par ces travaux de forçats de nos vacances, m’a lâché : « diagonale par rapport au carré lui-même ! ».
Non mais n’importe quoi. Ok, c’est contrariant de se retrouver sur le parking d’une zone commerciale avec un sommier qui ne rentre pas dans la voiture. Mais quand même, ce n’est pas une raison pour raconter de pareilles carabistouilles.
