A l'attaque !·Chez moi·Education·Enseignement·L'éducnat·Message·Tous ensemble !

Monsieur le Ministre de l’éducation nationale,

Je me permets de m’adresser à vous pour vous parler de nous, grands et petits qui nos retrouvons à l’école. Je voudrais vous faire une proposition. Mon objectif est tout à fait pacifique : je voudrais vous donner à voir une partie de nos réalités, multiples mais toujours avec des points communs forts.

Mon message fait suite à des déclarations de votre part, qui tendent à remettre en cause le soutien apporté aux élèves en situation de trouble ou de handicap, qui ont besoin d’une assistance humaine (nos collègues les AESH) par exemple. Mais il fait aussi suite à d’autres de vos propos, que j’ai entendus il y a quelques semaines, qui semblaient remettre en cause l’idée même d’inclusion. C’est curieux par ailleurs, car les structures d’accueil pour les enfants ne relevant pas de ladite inclusion manquent cruellement. Je me refuse à imaginer que vous souhaitez qu’on sorte ces élèves du système scolaire, que vous songez à laisser la responsabilité de leur enseignement aux familles qui déjà se battent au quotidien pour faire grandir leurs enfants. Dans mon collège ordinaire, j’ai en face de moi des enfants ayant reçu des notifications Ulis mais sans place dans un de ces dispositifs, des enfants ayant reçu des notifications pour être accompagnés d’un(e) AESH mais sans personne pendant des mois, des enfants ayant reçu une notification pour du matériel, dont peut-être ils seront dotés l’année prochaine… Alors les tiers-temps, ça, ça y va. Ca ne coûte rien, ça ne sert pas toujours à quelque chose, mais c’est facile de les accorder. Mais pardon, je m’énerve et c’est contreproductif. Car en fait j’aimerais tant me faire entendre de vous, comme beaucoup d’entre nous, enseignant(e)s, AESH, chef(fe)s d’établissement, personnel(le)s de vie sco, inspecteur(e)s, infirmier(e)s et médecins scolaires, assistant(e)s sociaux, copsy et j’en passe. Pas pour nous plaindre, mais pour construire avec vous.

De là où nous sommes, les « gens du terrain », comme on dit, nous avons l’impression parfois que la pseudo-réalité qui vous est montrée n’est pas la réalité. Sans doute nous aussi passons à côté de tout un tas de paramètres, j’en suis consciente. Mais quand même. Comme j’aimerais, monsieur le ministre, vous la faire visiter, ma réalité ! Je serais positivement ravie de vous emmener faire le tour des circo du coin dans ma Lodgy, de vous faire rencontrer petits et grands sans tout un tralala qui, peut-être même à votre insu, empêche des paroles vraies d’arriver à vous. Là tout de suite c’est d’inclusion que je veux vous parler, parce que vivre ensemble c’est en soi LE projet de société, mais je pourrais vous parler de mathématiques, d’apprentissages fondamentaux, de méthodes de lecture, de langues vivantes, de comment nous enseignons par des projets pour faire grandir en mettant les savoirs en cohérence, de formation initiale et continue, des structures d’enseignement (le lycée pro en tête), de laïcité, et j’arrête parce que sinon ça va être long, mais bref, si vous avez quelques jours, on y va. En plus je fais bien la cuisine, vous ne serez pas déçu.

Voici un petit exemple de ce que je pourrais vous donner à voir au cas où vous n’accepteriez pas mon invitation (ce qui serait fort dommage). C’est un dessin. Quand j’ai raconté son contexte à mon mari, j’ai bien senti son émotion à lui aussi. Bon, mon mari était prof d’histoire-géo, maintenant il est coordo Ulis, c’est sûr que ce n’était pas difficile de prévoir qu’il serait touché par ma petite histoire. Mais c’est aussi parce qu’il symbolise quelque chose de fort, ce dessin. Je l’ai affiché sur mon frigo, parce que moi aussi je dois veiller à ne pas me retrancher dans le confort au point de ne plus pouvoir en sortir.

Alors, voilà.

Je suis prof en collège, passée par l’enseignement en lycée, en université, en IUT, en prison, en hôpital, en entreprise et tout et tout, mais j’ai un regret : ne pas pouvoir aussi enseigner en école. Alors depuis des années je vais dans des classes, au départ en tant que formatrice, et puis comme les structures ne correspondaient plus à ma philosophie et que j’aime être payée pour ce que je fais professionnellement, j’ai laissé tomber le côté institutionnel et je vais chaque semaine dans des écoles sur mon temps libre. Au moins, je ne suis pas payée, mais c’est logique. Mes chef(fe)s d’établissement ont bien voulu me libérer une journée par semaine en condensant mon emploi du temps le reste du temps pour cela, les IEN de circo m’ont autorisée à intervenir, des professeures des écoles m’ont accueillie avec beaucoup de gentillesse et zou.

Je vous laisse réfléchir à l’anormalité fondamentale de cette situation, cela dit, qui en dit long sur notre système éducatif et de formation.

Jeudi dernier, je suis allée dans plusieurs classes de différentes circos. De beaux échanges encore… Des expérimentations, des déploiements de séquences dont je sais qu’elles fonctionnent bien, de l’interdisciplinaire toujours, avec la lecture, la verbalisation et l’être ensemble au centre. Dans une de ces classe, j’ai fait la connaissance de Nolan. Nolan est un petit garçon, scolarisé en cycle 2. Il a un niveau de moyenne section je pense, globalement, mais avec des irrégularités. Il est très très clairement en décalage dans de multiples domaines et ne bénéficie pour le moment d’aucun soutien de quelque ordre, pour des problèmes de lourdeurs administratives. Il « n’a pas encore le 16 », m’a dit sa maîtresse, toute tendue vers sa progression, « mais on va y arriver : on a déjà fait tellement de progrès ! » Enseigner à Nolan, c’est complexe, mais enseigner à un groupe avec Nolan, c’est compliqué. Je faisais construire des « machines à mesurer les durées » aux élèves de sa classe, et Nolan avait surtout envie d’aller vers ces jolies pailles, ce sable scintillant, ces engrenages colorés ou ces jolis petits jetons rouges ou bleus qu’utilisaient ses camarades dans un but précis. Et hop, il se servait au coeur des dispositifs en construction, et boum tout était à refaire. Au départ, je me suis dit ouhlala, on va faire comment avec Nolan ? Et puis j’ai observé (le formateur doit toujours commencer par observer le contexte, par nature inconnu, dans lequel il déboule) les élèves de la classe et la maîtresse. J’ai vu le soin que chacune et chacun apportait à donner une place à Nolan. J’ai vu aussi le respect. J’ai donc, grâce à ces grandes et petites personnes, compris que Nolan n’est pas un enquiquineur. Nolan est un enquiquiné, par ses propres troubles. Alors j’ai négocié : « D’accord, Nolan, je te permets de mélanger un peu des différentes sortes de nouilles, et je te donne aussi un peu de ça et de ça, mais pas le sable rose. Le sable rose, j’en ai trop besoin pour tes camarades là-bas, qui ne sont déjà pas sûrs d’en voir assez. Ok, Nolan ? » Aaaaah, ça n’a pas été facile. On n’était vraiment pas trop de deux adultes. Mais on a réussi. Nolan n’a pas fabriqué une machine à mesurer le temps, mais il a participé en enfilant un fil de laine dans une paille, ce que je tentais de réaliser et qui m’énervait au plus haut point et qu’il a exécuté comme ça pouf d’un coup d’un seul. Il a fabriqué des mygales avec son petit matériel, « parce que moi j’adore les gentilles petites bêtes même quand les gens ils les aiment pas » (ah oui, tiens, sans blague), puis a dessiné un dinosaure, que vous pouvez, monsieur le ministre, admirer ci-dessus. Le ventre de ce dinosaure sourit. C’est si joli. Nolan avait fait ce dessin pour lui, mais il me l’a donné. Je lui ai dit que je l’afficherai dans ma classe, mais il est venu ensuite me dire qu’il préférait que je l’affiche dans ma maison. Alors je l’ai affiché dans ma maison. Il s’est appliqué très fort pour écrire son prénom. Il l’a écrit en capitales, avec beaucoup de difficulté mais avec succès, puis il m’a dit qu’il ne l’écrivait pas en attaché « parce qu’il n’y arrive pas bien et que ce n’est pas beau », alors je l’ai encouragé et je trouve qu’il s’en est drôlement bien sorti. En sortant de la classe, il a fait marche arrière et m’a demandé : « tu lis mon prénom, hein ? Faut pas que t’oublie que c’est moi qu’a fait le dessin pour toi ». Je l’ai rassuré : promis, je n’oublierai pas, et en plus c’est parfaitement lisible.

En discutant avec sa professeure des écoles, nous avons décidé que je construirai une séance pour Nolan, mais qui sera utile à toutes et tous dans la classe. Ma collègue m’a dit : pour capter son attention quelques minutes d’affilée, il faut avoir recours aux histoires, car il adore écouter des histoires, parler d’animaux (existants ou ayant existé, vous l’aurez compris), et s’armer de patience. Elle m’a mise en garde : « tu sais, ce n’est pas sûr que ça marche, parfois je n’arrive pas à l’attraper pour apprendre, même un peu. Parfois j’y arrive quelques minutes dans la journée ». Je pense que je vais faire travailler les élèves sur les angles, au travers des champs de vision de différents animaux, à partir d’un album. Il me reste à trouver LE bon album. Ca va le faire : je vais aller m’assoir par terre, au rayon jeunesse de ma librairie préférée, et farfouiller. Et puis bon, si ça apporte à Nolan, tant mieux ; de toute façon ça apportera aux autres élèves de la classe et j’aurais plus d’éléments de réflexion et d’expérience pour poursuivre.

Nolan est un bon exemple d’enfant qui n’est vraiment pas ordinaire mais qui gagne à être inclus et scolarisé en classe ordinaire, le plus longtemps possible. Nolan fait que la journée n’est pas un long fleuve tranquille. J’ai vu la fatigue de sa maîtresse, en cette fin de période en plus, mais j’ai surtout vu la détermination, l’intelligence et la profonde humanité dont elle fait preuve. Alors non, Nolan n’accèdera pas à la multiplication cette année, il ne modélisera sans doute pas les angles droits, mais il grandit, il apprend, et échange. parfois c’est super dur, pour lui, inconfortable pour les autres, épuisant pour son enseignante. Mais ça en vaut la peine, parce que Nolan est une personne aussi précieuse que n’importe qui d’autre.

Voilà, monsieur le ministre. Je suppose que jamais ma petite prose ne franchira les multiples couches structurelles fort rigides qui me séparent de vous. Mais quand même, je réitère ma proposition : donnez-vous, donnez-nous la possibilité d’être vraiment notre ministre. Vous nous semblez parfois si loin de nos réalités, vous qui nous gouvernez. Si vous êtes ministre de l’éducation nationale, c’est bien pour celles et ceux qui la peuplent, n’est-ce pas ?

A l'attaque !·Actualité·Chez les élèves·Chez les cadres·Chez les collègues·Chez les parents·Dur dur·L'éducnat·Message·scandale·Tous ensemble !

Au collège du Val de Vire

Au collège de Val de Vire, le mois de septembre est éprouvant : c’est une équipe de profs qui est en colère et qui pleure… Une semaine après la rentrée est annoncée la fermeture de notre collège pour la fin de l’année. Comme ça, paf. Collègues, élèves et familles se prennent la nouvelle d’un coup, en pleine poire. Les équipes de ce petit collèges savaient qu’une fermeture était sans doute inévitable, vu les effectifs (les prévisions de la démographie prévoient qu’en 2028 il reste 165 élèves), mais avaient lancé leurs projets : 2 028, c’est encore un peu loin. Les enseignants ont interpelé madame Borne, qui vient de cette région, sans réponse jusqu’ici. Le ministre de l’éducation nationale n’est pas non plus venu jusqu’à eux. Dans le Calvados, cet établissement serait le 7eme collège à fermer en 14 ans… Comme le dit une collègue : « Belle moyenne mais triste pour nos petits collèges à taille humaine ». 

Une pétition a été créée, ici. Et là, vous trouverez une page Facebook dédiée.

Les collègues sont conscients que si les effectifs chutent vraiment jusqu’à ce qui est prévu, il faudra fermer. Mais pourquoi si vite, sans concertation, en l’annonçant ainsi (les réseaux sociaux ont fait l’annonce avant le réseau officiel) ? C’est brutal et violent. Les élèves sont anxieux, la suite mal définie, et des collègues de toutes anciennetés s’interrogent : continuer ? Partir ? A force d’être mal traités, ils sont fatigués.

Si vous avez envie d’aider ces collègues, la pétition est là !

Actualité·école·Chez les collègues·Chez moi·Culture mathématique·cycle 2·Didactique·En classe·Enseignement·Expo de maths·Je suis fan·Lire·Maths pour tous·Merci les copains·Mes projets·Message·Partager les maths·Tous ensemble !

Mini-projets, maxi-maths

Mon travail de cet après-midi était de relire deux chapitres parmi les cinq que proposent le petit ouvrage que Marion Michel et moi avons écrit ensemble :

C’est le deuxième livre dont je termine la relecture finale, en ce début de vacances. Voilà qui me rend légère… Et heureuse : je suis très fière de ce bouquin. Hatier a fait un super boulot et nous a laissées complètement libres. Et Marion est une personne vraiment géniale à tous égards. Nous avons travaillé ensemble à tous les niveaux, de la conception aux expérimentations en classe, à l’écriture, aux corrections. Un bonheur, je vous dis. Je voulais relire deux chapitres, et j’ai tout relu, avec plaisir. Je ne suis pourtant pas douée pour me concentrer sur mes propres écrits. Mais là, c’est passé tout seul.

Bon, allez hop, projet suivant. Prête, Marion ? 😉

Chez les collègues·Culture mathématique·Evénement·Je suis fan·Les découvertes de Stéphane·Maths et arts·Maths et société·Maths par les jeux·Maths pour tous·Merci !·Merci les copains·Message·Ouaaaaaaaaaaaaah !!!·Partager les maths·Tous ensemble !

Les cadeaux de Stéphane

Après le grand oral de ma fille, puis un emménagement éclair, suivi d’une petite après-midi de cours et avant trois conseils de classe d’affilée, ce qui au final me fait une journée riche en émotions, j’ai reçu avec plaisir une émotion de plus : un cadeau.

Un cadeau de Stéphane.

Stéphane, c’est un collègue de Lille qui m’envoie des cadeaux. Je lui ai même, il y a longtemps déjà, réservé une catégorie : les découvertes de Stéphane. C’est lui, Match Point, par exemple. Ce n’est qu’un exemple : il a un talent fou.

Parce que je partage sur le blog, pour ce que j’écris.

C’est fou, non ?

C’est trop, clairement. Mais je ne vais pas bouder mon plaisir : j’adore. En plus, les cadeaux de Stéphane sont géniaux. Il me lit régulièrement et sait ce que j’aime. De ce fait, c’est incroyablement adapté à mes passions, mes lubies, ma sentisiblité.

Voyez plutôt :

A l'attaque !·A quoi ça sert les maths ?·Actualité·APMEP·Chez les cadres·Chez les chercheurs·Chez les collègues·Culture mathématique·Enseignement·Enseignement supérieur·Expo de maths·Formation·hommage·Je suis fan·Maths en scène·Maths et arts·Maths et BD·Maths et genre·Maths et musique·Maths et société·Maths par les jeux·Maths pour tous·Merci !·Merci les copains·Message·Partager les maths·Tous ensemble !

Tous ensemble à l’APMEP !

J’ai écrit un petit article sur le séminaire de l’APMEP : je suis revenue enchantée, et ce que j’ai appris est complètement dans la ligne de cette belle année au bureau et au comité de l’APMEP, et dans celle de toutes les magnifiques journées nationales auxquelles j’ai participé depuis 1995.

L’article est ici, et se conclut avec ce cri du coeur :

Alors si vous enseignez les mathématiques (si vous êtes professeur des écoles ou professeur de lycée professionnel, vous les enseignez tout autant que vos collègues d’enseignement secondaire général !), si vous étudiez pour devenir enseignant, rejoignez-nous. Vous contribuerez à un projet de société tout en continuant de vous former et de partager, au travers des événements tels que les journées régionales et nationales. Et si vous n’êtes pas dans ce cas, il vous reste à devenir prof de maths. Il semble qu’il y ait de la place, justement…

A l'attaque !·Actualité·Allez les jeunes !·BRAVO!!!·Chez les élèves·Je suis fan·Message·Tous ensemble !

« A celles et ceux qui doutent « 

Huit étudiants d’AgroParisTech ont mis les pieds dans le plat d’une façon assez frappante, lors de la cérémonie de remise des diplômes. Ils refusent un système, l’assument et le disent publiquement. Inspiré(e)s, oui, elles et ils le sont. Courageuses et courageux, aussi, et c’est joli.

Bifurquer. C’est un joli mot, bifurquer. Et c’est une décision libératrice.

A l'attaque !·Actualité·bac·BRAVO!!!·Chez les élèves·Chez les cadres·Chez moi·Décrochage·Dur dur·Evaluer·Evénement·I'm not dead·Je suis fan·L'éducnat·Merci !·Message·Tous ensemble !

Le bac et ma fille : la délicatesse qui répare

Dans la catégorie bonne nouvelle, et même franchement excellente nouvelle, après des aménagements bien ajustés pour l’épreuve pratique de NSI, nous venons d’être informés d’aménagements pour le grand oral : ma fille aura son moment d’interactions par écrit (ça c’était prévu), que ce soit pour recevoir les questions ou pour y répondre, mais, surtout, les questions seront le plus fermées possible, le barème adapté, et le jury aura été mis au courant des aménagements en amont. Et ça, ça change tout. Pour ma fille comme pour le jury, d’ailleurs.

Ce que ça change aussi, c’est ma sérénité à moi. J’ai un énorme poids en moins. J’ignore si Alice réussira ses épreuves, mais au moins elle est prise en compte, en tant que personne et non sous la forme d’un numéro de candidat dérangeant. La communication avec les inspecteurs qui s’en chargent a été fluide, empreinte de bienveillance, sans l’ombre d’un jugement. Délicate, en fait. Je vis cela comme une réparation.

Je sais que des personnes se sont senties heurtées, vexées, peut-être blessées par ma communication, des articles ici ou la lettre ouverte commune avec d’autres parents d’enfants autistes. Evidemment mon intention n’était pas de heurter qui que ce soit, mais simplement de faire respecter les droits de ma fille et de lui permettre de passer au moins ce fichu bac. Elle a 17 ans, et ça fait bien 12 ans de lutte scolaire, donc de lutte personnelle. Elle tient bon, mais c’est vraiment dur. Et donc, si des personnes de bonne volonté se sont senties heurtées, j’en suis désolée ; mais il faut que nous nous interrogions collectivement : pourquoi ces personnes n’ont-elles pas eu vent plus tôt du cas de ma fille, alors que nous nous sommes attaqués à la demande d’aménagements pour le bac dès le début de la classe de seconde ? Pourquoi faut-il hurler pour être entendu en plus haut lieu que l’établissement scolaire ? Le lycée (équipes enseignantes, de vie scolaire, infirmière, administration) sont montées au créneau avec nous ; la médecine scolaire aussi. Eux aussi ont été frustrés des fins de non recevoir, eux qui oeuvraient activement à rendre le quotidien scolaire d’Alice moins difficile. Des services académiques ou ministériels m’ont dit (mais jamais écrit, bien sûr) des choses violentes : « Estimez-vous heureuse qu’elle soit en terminale ! C’est rare dans un cas comme le sien », « L’égalité, madame, vous savez ce que c’est ? » (oui, et l’équité, aussi), « Votre fille n’est peut-être pas faite pour le bac, à un moment il faut savoir s’arrêter », sans compter les « Elle est timide, en fait, hé bien c’est l’occasion, elle se force, elle respire et voilà ! », « Tout le monde est capable de passer le grand oral. Tout le monde. C’est une promenade de santé ». On m’a plusieurs fois affirmé que ce n’était pas le corps d’inspection qui s’occupait des aménagements, intimé de ne pas m’adresser à eux ; et tout ça, c’était faux. Peut-être les personnes qui m’ont dit cela ont-elles fait une erreur, peut-être suis-je tombée au mauvais moment, mais en attendant derrière il y a une personne, une famille, un combat, de la souffrance.

Je n’ai pas non plus reçu de réponse à notre lettre, de la part des 37 élus à qui je l’ai envoyée, sauf du cabinet du premier ministre qui m’a informée que ce n’était pas son affaire et que le ministère de l’éducation nationale me répondrait.

Je vous laisse imaginer l’impasse dans laquelle se trouvent les familles qui ne connaissent pas l’éducation nationale : je suis prof, tenace, en lien avec beaucoup d’interlocuteurs à l’intérieur du système, qui m’ont aidée. D’autres n’apprécient pas ou me trouvent pénible et je suis capable de l’entendre, et de le relativiser sans me sentir illégitime : soit ils sont frustrés car ils auraient aimé pouvoir intervenir et nous nous entendrons, car ce n’est ni leur faute, ni la mienne, soit nous resterons en désaccord car le problème est plus profond.

En attendant, l’air est plus léger sur nos épaules. Merci beaucoup, beaucoup aux inspecteurs qui nous ont apaisés.

Alice entame la dernière ligne droite et ensuite une nouvelle ère commence.

Actualité·Chez les collègues·Chez moi·Culture mathématique·cycle 2·Didactique·En classe·Enseignement·Evénement·Expo de maths·Faut que je fasse mieux·histoire des maths·hommage·Je suis fan·Lire·Maths pour tous·Merci !·Mes projets·Message·Ouaaaaaaaaaaaaah !!!·Partager les maths·Tous ensemble !

Marion, Marion, regaaaarde !!!

On a vraiment écrit un bouquin, toutes les deux !!! C’est pas dingue ??? Et il y a même un prix, comme pour un vrai livre…

Ah, mon oreillette de chez Hatier me signale que C’EST un VRAI livre. Gloups.

Et je vois aussi une date de sortie.

Point positif : on va voir le bout.

Point moins positif : on n’a pas tout à fait fini. Tout est écrit, mais il faut relire, corriger, améliorer, amender, harmoniser… J’ai passé ma journée dessus, Marion aussi ; je m’y remets demain !

Autre point positif : nous ne savons pas si ce petit ouvrage vous plaira, mais nous avons eu beaucoup de plaisir à tout tester, re-tester, améliorer et mettre sur papier, ensemble. Nous, nous en sommes contentes, jusqu’ici… 🙂

A l'attaque !·Apprendre·Chez les chercheurs·Chez moi·Dur dur·Faut que je fasse mieux·Formation·hommage·Merci !·Mes projets·Message·Tous ensemble !

Claire passe un diplôme

Un jour en 2020 : qui veut participer à une nouvelle formation qui mettrait en lien la recherche et les formateurs dits de terrain ? Moimoimoimoimoi, siouplé !

Février 2021 : alors, alors, ça commence, quand, on y va, c’est bientôt ?

Mars 2021 : mais qu’est-ce que c’est que tout ce jargon ? Je ne vais pas y arriver si je ne comprends rien…

Ce qui me résiste

Qu’est-ce qui relève du vocabulaire spécifique indispensable, qu’est-ce qui relève d’un vocabulaire par trop spécialisé ? Pour moi qui forme aussi au décodage, à la compréhension et à l’accueil des élèves allophones, l’accessibilité du langage est primordiale. J’avance en équilibre précaire sur une ligne de crête : les savoirs partagés par des personnes initiées à leur propre langage m’imposent de m’emparer de ce langage, mais je sais que ce faisant je risque de l’utiliser dans d’autres contextes de formations que j’animerai, dans lesquels d’autres se sentiront exclus. Or je ne tolère pas cette exclusion : le savoir est fait pour être partagé par tous ceux qui le souhaitent ou en ont besoin et ce partage est à la base de mon projet de société. Je dois donc en permanence lutter contre des résistances qui pourraient m’empêcher d’apprendre. Tout l’enjeu, pour moi, est de rester fidèle à mes principes, à réussir à les faire vivre sur le terrain, en ayant l’humilité d’accepter de m’engager sur des territoires de savoirs inconnus et souvent résistants par le langage.

Et croyez-moi, c’est un exercice de funambule.

Extrait de mon premier écrit réflexif

Avril 2021 : suis-je légitime dans une formation passeurs, moi qui ai quitté la formation académique ? Etre formatrice ou ne pas l’être, telle est la question… Qu’est-ce que je veux faire, d’ailleurs, en réalité ?

Ce qui m’interroge

Un métier composite ou plusieurs métiers distincts ?

Cette phrase de Corinne Mérini me fait réfléchir différemment : « Amener à renforcer le pouvoir d’action de l’autre est tout l’objet des métiers en intermétier« . Vu sous cet angle, c’est enthousiasmant. Mais en même temps, cela accentue encore le fait que les métiers de la formation sont de « vrais » métiers, complets, et très différents de l’enseignement. Est-il possible de s’impliquer autant dans les deux en parallèle ? Dans le second degré, on ne peut pas être formateur sans être aussi en classe. Est-ce possible de mener les deux de front, en étant efficace et utile, sur le long terme ?

Extrait de mon deuxième écrit réflexif

Mai 2021 : mais c’est quoi, en fait, les sciences de l’éducation ? Je m’y retrouve, là-dedans ? Pas sûre… Je suis imprégnée de ma culture maths ; c’est difficile d’entrer dans une culture si différente. En même temps, toutes les sessions de formation m’ont apporté et déjà transformée, alors oui, je m’y retrouve, quand même.

Ce qui me construit

Pratiques et discours sur les pratiques : le grand malentendu

Bernard Charlot revient sur l’opposition supposée entre les savoirs du chercheur et ceux du praticien :

« En réalité, ce que le praticien oppose à la théorie, ce n’est pas, comme il le croit, sa pratique, c’est son discours sur sa pratique. Or, ce discours utilise des concepts le plus souvent non contrôlés, et bien souvent enracinés dans une théorie sans qu’il le sache. »

Je pense que ce propos vient à point nommé : d’une certaine façon il résume mon propre dilemme, qui pourrait s’apparenter à un déchirement parfois, et à un équilibre instable toujours. Mon identité professionnelle est mouvante, elle aussi mal définie, toujours précaire. Selon les rôles que j’incarne, qui suis-je aux yeux de mes collaborateurs ? Qui suis-je à mes propres yeux ? Qui sont mes pairs ? Mon mémoire de CAFFA m’avait aidée à progresser dans ma professionnalisation de formatrice ; mais aujourd’hui, en accumulant de nouveaux savoirs, en accédant à d’autres niveaux de compréhension, ces acquis sont remis en cause.

Extrait de mon troisième écrit réflexif

Septembre 2021 : je n’y arriverai pas. Je n’avais pas compris qu’on aurait tout ça à produire. Comment vais-je réaliser une expérimentation ? Ecrire un mémoire ? Je suis un imposteur, moi, dans ce dispositif. De toute façon je ne suis plus formatrice académique. Au secours.

Octobre 2021 : gloub. Trop de projets. Je bois la tasse. Le DE me demande de dégager des moments longs pour réfléchir, lire, écrire, je n’en trouve pas. Je m’accroche. Je m’accroche ? Non. Je décroche. Mais j’ai déjà abandonné le master dida, c’est quoi mon problème ?

Encore octobre 2021 : je m’accroche. Les formateurs sont top, ils me disent de leur faire confiance, que ça la le faire. Je leur faire confiance, ça va le faire. Enfin, je vais faire au mieux.

Novembre et décembre 2021 : chut, je lis.

Janvier 2022 : j’ai fait la connaissance de Rabardel. Ca résonne dur, même si la lecture est parfois âpre. Et que j’ai définitivement un problème avec le jargon et l’écriture réservée aux initiés.

Février 2022 : à fond. J’ai commencé à construire un plan, compris des tas de choses que je n’avais pas comprises. Je sais que je me plante sur tout un tas de trucs, mais ce n’est pas grave : ce qu’on me demande n’est pas de savoir, mais de montrer que j’ai des repères pour en trouver (des repères). L’important n’est pas de répondre à ma problématique de façon complète, exacte ou définitive, c’est de m’engager dans une démarche de recherche.

Mars 2022 : j’en suis à la moitié de mon mémoire. J’ai trois entretiens sur quatre, passionnants.

Avril 2022 : quatrième réécriture de ma moitié de mémoire. Je m’éclate.

Encore avril 2022 : tiens, je vais m’inscrire à cette certification-là, pour l’année prochaine… Ca a l’air chouette ! Mais d’ici là, je fais de la place, je refuse des projets, je mets mes conditions sur d’autres. Mon problème c’est l’espace libre. Alors je vais changer deux ou trois trucs.

A quoi ça sert les maths ?·Activité rigolote·Actualité·APMEP·APMEP journées 2022·Au collège·école·Chez les collègues·Chez moi·Compétences·Culture mathématique·cycle 2·Cycle 3·Cycle 4·Didactique·En classe·Enseignement·Evénement·Expo de maths·Formation·hommage·Je suis fan·Manipuler·Maths en scène·Maths et arts·Maths pour tous·Merci !·Mes projets·Message·Partager les maths·Question de grand·Représenter·Tous ensemble !

Hé, les copains ?

Aujourd’hui, c’est le dernier jour pour proposer un atelier aux prochaines journées nationales de l’APMEP, à Jonzac, du 22 au 25 octobre 2022. Je vais présenter le dispositif anamorphoses que j’ai mené en classe, et François Abélanet m’a autorisée à présenter et utiliser sa machine à anamorphoses ; il pense même pouvoir intervenir avec moi, youhou! Mais j’ai un problème : je cherche un titre évocateur, fantaisiste et percutant pour mon atelier (et en lien avec « Où se cachent les mathématiques ? »). Z’avez des idées ?