école·Chez les collègues·Cycle 3·Manipuler·Question de grand·Tous ensemble !

Tu m’fais tourner la mineuuu, mon compas à moaaa, c’est toaaaa

Une collègue formatrice, Sophie, m’a posé une question très intéressante :

Lors d’une visite en CM2 (évaluation de géométrie) les élèves étaient tous en difficulté sur la construction d’un triangle avec le compas et la règle. L’enseignant m’explique qu’il a beaucoup travaillé dessus, qu’ils en ont beaucoup construit… Mais ils n’ont pas compris. Comment on fait pour aider les élèves à comprendre l’utilisation du compas dans la construction de triangles ? (quels sont leurs obstacles ? quels sont les prérequis ?…).

Alors. Réfléchissons.

Je pense déjà que commencer par enseigner explicitement les mots du compas est important, côté prérequis : la mine, la pointe, la distance entre la mine et la pointe (en ligne droite), qui donne la rayon si je trace des cercles. Et on fait répéter les mots en désignant l’élément dont on parle avec le doigt (saaaaans se piquer…).

Ensuite, je verrais aussi, en prérequis, une réflexion collective sur les usages du compas : le compas sert à reporter des longueurs et à tracer des cercles. Mais tracer des cercles c’est presque un effet secondaire… peut-être donc d’abord utiliser le compas pour résoudre des exercices de géométrie ou de grandeurs et mesures, dans lesquels il n’y a pas de cercles explicitement demandés, pour prendre le réflexe d’associer les questions de distances au compas. Idéalement, on pourrait même aborder des problèmes de lieux de points : je trace un segment de 6cm, d’extrémités A et B. Où sont les points situés à 5cm de A ? A 6cm de A ? On est amené à tracer un cercle, mais pas pour sa forme circulaire : pour le sens qu’il porte. Tous les exercices d’animal relié à un pieu, de cartes aux trésor, sont aussi bien adaptés.

Mine de rien, ces deux points de vigilance ne sont pas anecdotiques et peuvent vraiment impacter la progression. Ils demandent aussi pas mal de temps, dans le sens où il faut y revenir souvent, pour permettre une imprégnation intelligente.

Venons-en aux triangles.

Forcément, quand on regarde un triangle, ce n’est pas la nécessité de tracer des arcs de cercle qui frappe. Alors peut-être si on a bien travaillé le report de longueurs, on y pensera. Il me semble que deux éléments sont intéressants à travailler particulièrement :

  • on pourrait proposer aux élèves de construire des triangles sans compas, avec des mesures de côtés données : ils vont chercher à se dépatouiller avec plusieurs règles les faire pivoter en fixant le 0 sur une extrémité du segment initial, et on pourra leur montrer qu’en fait ils focalisent leur attention sur une graduation qui dessine un arc de cercle. Sauf que c’est mega pas pratique et que le compas est tout de même mieux adapté…
  • les triangles constructibles ou non : si on a bien travaillé les questions de lieux, on va pouvoir donner du sens à la construction de triangles, et constater aussi que des triangles peuvent ne pas être constructibles si les arcs de cercle ne se croisent pas : on va plus loin en considérant les intersections, en leur donnant du sens à leur tour ;

Enfin, il serait intéressant de faire tracer d’autres figures aux élèves : pourquoi seulement des triangles, dans le fond ? Ce qui compte, c’est qu’ils et elles comprennent les constructions avec des longueurs imposées, mais focaliser sur le triangle est peut-être contreproductif.

A l'attaque !·Activité rigolote·Actualité·école·Cycle 3·En classe·Enseignement·Expo de maths·Lire·Maths pour tous·Mes projets·Mots de maths·Partager les maths·Représenter·Tous ensemble !

Les problèmes par l’image : des problèmes pour contrer l’implicite et développer le langage

Je reviens en passant sur Les problèmes par l’image, que j’ai présentés hier : j’ai eu des échanges avec des collègues via Twitter et le blog, toujours intéressants et enrichissants pour moi, mais j’ai eu l’impression de ne pas réussir à me faire comprendre d’une ou deux personnes. Beaucoup d’autres m’ont écrit qu’ils avaient bien compris mes intentions éditoriales, heureusement. Mais tout de même, je reviens en tentant d’être plus claire.

Les Problèmes par l’image s’appellent les Problèmes par l’image car c’est le nom du dispositif initial, de monsieur Winkopp, et que j’étais très soucieuse de lui rendre hommage et d’affirmer sa paternité sur ce bel outil. Mais les Problèmes par l’image sont avant tout un outil pour développer la reconnaissance et le décodage des implicites dans une situation : de l’implicite, il y en a partout et il n’est pas possible d’y échapper, mais nous, enseignants, pouvons faire deux choses pour aider nos élèves face aux ombres qu’il projette dans la compréhension de nos élèves. D’abord, nous pouvons éviter l’implicite évitable. Ensuite, nous pouvons enseigner la reconnaissance et le décodage de l’implicite qui demeure. En fait, il s’agit d’apprendre à mieux raisonner, et aussi à suspendre l’action le temps de l’analyse. C’est difficile, ça, de réfléchir avant d’agir. Pour tout le monde, mais en particulier pour des élèves en situation scolaire, qui veulent bien faire, être rassurés le plus vite possible et faire plaisir à tout le monde en ne donnant pas une image négative.

Dans les problèmes par l’image, il est donc question de langage et de communication, d’estime de soi, de raisonnement, de modélisation, de représentation. Alors oui, le titre indique aussi qu’il s’agit de problèmes : quel meilleur contexte pour travailler l’implicite que les problèmes ? Les Problèmes par l’image ne sont en aucun cas une méthode de résolution de problèmes (de base je n’aime pas les méthodes ; je ne vais pas en construire une). Ils constituent une base de problèmes, qui vont s’intégrer dans la multitude de problèmes de types différents que nous faisons travailler à nos élèves dans l’année. Ils permettent sans doute de mieux y entrer, et sont adaptés dès le début de l’année.

Ainsi, je ne suis vraiment pas d’accord avec la critique selon laquelle ces problèmes sont trop simples parce qu’ils sont imagés : les problèmes M@ths en vie sont de formidables supports, et n’ont aucune consigne… Evidemment qu’une image peut véhiculer de l’implicite ! Sinon d’ailleurs il y aurait beaucoup moins de fake news… Ici, les enjeux didactiques sont résistants, et j’y ai veillé. Même sans mots ce sont bien des problèmes, qui ne sont pas simples (ils ont tous été testés en classes de CM1 et CM2), et ce n’est évidemment absolument pas une façon de délaisser l’objectif fondamental qu’est la lecture ! En revanche, l’espace d’un moment, on va permettre aux élèves de centrer leur attention exactement sur ce qu’on veut leur apprendre : déjouer l’implicite consciemment et de façon argumentée. On va même développer le lexique, en passant. On va leur montrer comment réfléchir, ouvrir des portes, les outiller et les rendre plus autonomes de pensée. On va les faire avancer plus loin dans l’activité mathématique, en fait.

Pour finir, chaque problème est décliné en plusieurs étapes :

  1. une réactivation hyper rapide des fondamentaux nécessaires, en collectif ;
  2. une recherche de problème commune à tous les élèves, qui suit des étapes précises (on observe, on décode, on résout, on met en forme, on se questionne sur ce qu’on a produit), en individuel et/ou en groupe, puis en collectif pour institutionnaliser ;
  3. une résolution individuelle d’une variante du problème étudié en collectif, avec trois niveaux de difficulté pour organiser simplement la différenciation. Tous les corrigés et les aides pédagogiques sont accessibles pour les enseignants. Là, on vérifie qu’on a compris dans un contexte similaire, mais les variables didactiques sont différentes dans les trois variantes ;
  4. une résolution d’un problème similaire parmi trois problèmes proposés, dans des contextes différents et avec des difficultés croissantes, toujours dans une perspective pratique de différenciation. Mais avant des les résoudre, on les étudie tous ensemble pour comprendre leurs points communs et leurs variabilités : on explicite TOUT. Là, l’objectif est de transférer ;
  5. Pour finir, chaque élève invente son propre problèmes, avec deux objectifs : qu’il soit clairement compréhensible pour autrui, et qu’il corresponde aux objectifs de savoirs qu’on a travaillé dans les étapes précédentes. C’est une très chouette étape, parce qu’elle est incroyablement productive et formatrice pour les élèves. Elle permet des échanges et des réflexions, avec de belles prises d’initiative, qui travaillent les maths, mais pas seulement.
Etape 1 : réactivation
Etape 2 : le problème à décoder et à résoudre
Etape 3 : on consolide et on teste sa compréhension en appliquant à un contexte similaire
Etape 4 : on transfère, étape fondamentale !
Etape 5 : on décolle, en créant et en résolvant un problème intelligible

Voilà ! Bon allez hop, c’est l’heure de faire le ménage, je file !

Activité rigolote·école·Chez moi·Cycle 3·Enseignement·Expo de maths·Je suis fan·Mes projets·Mots de maths·Partager les maths·Tous ensemble !

Les problèmes par l’image

Aaaaaah, je suis contente, un outil que j’ai écrit à partir des « boîtes à Mamie », autrement appelées par monsieur Winkopp « Problèmes par l’image », est sorti ! C’est toujours chouette quand des projets sur lesquels on a travaillé longtemps et avec coeur sortent. Les problèmes par l’image, c’est un outil formidable que m’a déniché mon mari. Je l’ai utilisé pendant plusieurs années, j’ai formé pour promouvoir l’outil, et Bordas m’a proposé d’en faire une version actualisée mais qui respecte l’idée initiale, pour le cycle 3. Il n’était pas possible de rester sur le format cartes de problèmes, ce qui a été frustrant au départ. Mais cela m’a obligée à réfléchir autrement. Je me suis dit que proposer un outil d’explicitation, avec en ligne de mire l’égalité des chances et le travail de la langue, du repérage et du décodage de l’implicite, seraient un bon moteur. Je me suis bien amusée… Et je suis très contente du résultat. J’espère que ces Problèmes par l’image seront utiles aux élèves et à leurs enseignants !

Bon décidément je suis autrice… 🙂 Et je suis ravie de me voir caractérisée par mon engagement à l’APMEP, qui est vraiment important pour moi…

A l'attaque !·A quoi ça sert les maths ?·Activité rigolote·école·Calcul mental·Culture mathématique·cycle 2·Didactique·En classe·Enseignement·Expo de maths·Formation·Manipuler·Maths pour tous·Partager les maths·Tous ensemble !

Nombres en formation

Ce matin, j’ai rencontré des collègues de cycle 2 de Rouen et sa région pour parler nombres et calculs. Des maths, dés échanges, des rencontres, avec toujours en visée les élèves… C’est ressourçant!

A l'attaque !·A quoi ça sert les maths ?·Activité rigolote·Allez les jeunes !·école·BRAVO!!!·C'est bien pratique·Chez les élèves·Chez les collègues·Culture mathématique·cycle 2·Didactique·En classe·Enseignement·Expo de maths·Je suis fan·Lire·Manipuler·Maths pour tous·Merci les copains·Partager les maths·Représenter·Tous ensemble !

Albert version 2023 : toujours top, jamais le même

Aujourd’hui, je suis allée dans la classe de CE1 de Christelle. Nous avons deux projets en route, mais il nous manque quelques éléments concrets pour les terminer tout à fait, et là, Christelle avait envie de commencer Albert. Alors allons-y pour Albert!

Cette année, nous avons compacté le début de la séquence : nous avons aujourd’hui lu et reformulé l’histoire, identifié des rectangles et déterminé ce que c’est, un rectangle, dessiné un Albert avec la machine à coins-pics-de-rectangles, puis dessiné un Albert avec l’outil expert : l’équerre. Le tout en une heure et demie, avec une cadence assumée mais en laissant chacune et chacun terminer à son rythme. Le tout sans prononcer une seule fois le mot angle : ça, c’est pour la fois prochaine.

C’était extra. Déjà, travailler avec Christelle est toujours un bonheur. Ses loulous sont super, aussi. Un élève en situation de handicap a réussi à faire toute la première partie de l’activité avec toute la classe, avec succès, et Christelle l’a aidé pour réaliser la deuxième partie après le déjeuner. Et Albert, c’est une pépite de garçon-rectangle.la semaine prochaine, nous poursuivons avec les angles et nous expérimentons pour la première fois un prolongement. Ouaiiiiiis, vivement jeudi prochain !

Premier Albert, avec la machine à coins-pics-de-rectangle :

Deuxième Albert, avec l’équerre :

Avant/après, mais les élèves ont déjà été tellement appliqués avant… (bravo !)

Et c’est l’effet magique des maths : les élèves voient des figures partout !

L’objectif, c’est de modéliser, pour parvenir à transmettre une définition du rectangle comme un quadrilatère à quatre angles droits. Et là, si nous avons tout bien fait dans l’ordre, le carré devrait apparaître comme rectangle particulier, alors que le discours des enfants aujourd’hui a priori était clairement et explicitement à l’inverse : le rectangle, c’est un carré étiré. Mais plutôt que de dire non non non, c’est pas ça, nous déconstruisons par l’acte et nous reconstruisons par l’acte et la modélisation.

Activité rigolote·Allez les jeunes !·école·BRAVO!!!·Chez les élèves·Chez les collègues·cycle 2·En classe·Enseignement·Jouer·Maths par les jeux·Maths pour tous·Merci les copains·Tous ensemble !

Notre jeu avance en CE1 !

Ca matin, nous avons commencé par écrire la règle du jeu de nos jeux de maths made-in-CE1 en dictée à l’adulte. C’était intéressant de voir ce que les élèves pensent important pour écrire une règle du jeu : il a fallu en guider certain(e)s pour les aider à structurer leur pensée, à donner des informations utiles d’une façon claire.

Ensuite, nous avons étudié des cartes. L’objectif était de déterminer la solution, en collectif, puis le niveau de difficulté (facile ou pas facile ?) pour que les élèves proposent eux-mêmes des variantes de l’autre niveau. les élèves ont eu des idées vraiment très chouettes, que nous n’aurions pas eues. Cette recherche de variables didactiques ne leur a posé aucun problème, en fait. Nous voulions leur faire faire cet exercice, pour développer leur analyse de la consigne, leur capacité à identifier où réside une difficulté.

Et puis, avec les questions des élèves, il a fallu faire des recherches et j’ai appris un truc fou : la Statue de la liberté pèse 225 tonnes, et la Tour Eiffel 10 100 tonnes ! Non mais c’est dingue.

Nos jeux sont presque terminés. Il reste la règle à recopier, la boîte à réaliser, et nous y serons… Je vais pouvoir finaliser mon chapitre pour Mini projets, maxi maths de CE1, le dernier qui me reste à écrire.

Enseignement·Je suis fan·Chez les collègues·Lire·Tous ensemble !·Culture mathématique·Maths pour tous·Expo de maths·Mes projets·Manuels scolaires·Chez moi·école·Didactique·Merci !·Partager les maths

Des gens, des maths, des gaufres

Et voilà, retour dans le train. J’ai adoré présenter mon projet. Je suis toute heureuse de sentir comme je l’assume, comme il a du sens pour moi, pour faire progresser toutes et tous les élèves et outiller leurs enseignants. Mais chut, je ne vous en dirai plus que début mars. En attendant, j’ai une excellente lecture, Claire Diterzi dans les oreilles et cinq délicieuses gaufres au-dessus de ma tête, que je ramène à ma famille et qui parfument tout le wagon… Et j’ai le petit bonbon que m’a donné une de mes élèves ce matin. Parfait, en somme.

A l'attaque !·Activité rigolote·école·Chez moi·Culture mathématique·Cycle 3·Didactique·Enseignement·Expo de maths·Maths pour tous·Mes projets·Partager les maths·Tous ensemble !

J-2,5

Allez hop, après mes quatre heures de cours (théorème de Pythagore, probas, aire du triangle, décimaux, fractions et un peu de l’œuvre d’Escher, j’ai sauté dans le bus et j’attends mon train pour aller présenter un projet éditorial achevé, chez Bordas. J’espère que je vais sinon convaincre, au moins faire passer un agréable moment aux personnes qui seront venues échanger avec moi !