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La déliquescence du bac

Je me refuse à deviner les intentions de Jean-Michel Blanquer lorsqu’il a porté la mouture actuelle du bac. Pouvoir choisir des disciplines me semble en soi une idée intéressante. Appuyer l’obtention du bac sur le contrôle continu aussi : cela pouvait réduire le stress lié au risque d’accident ponctuel. Mais ça, c’était pour la théorie. Une idée n’est bonne que si elle est déployée de façon raisonnée, réfléchie en fonction des acteurs, des objectifs, des obstacles. Et en pratique, c’est un crash, cette réforme du lycée et du bac. Outre le manque de cohérence du système de spécialités, l’idée du contrôle continu a induit des effets délétères pour les lycéens.

Nos lycéens sont anxieux, à cause d’un système de contrôle continu qui transforme en couperet (pour le bac, mais aussi et surtout pour ParcoursSup) chaque évaluation. Ils ne travaillent plus pour les savoirs ou développer leurs compétences, ils travaillent pour la performance. Aucune réflexion collective n’a été initiée à grande échelle pour réfléchir la gestion de l’évaluation : on est à mille lieues de l’évaluation dynamique des compétences. On prend des photos ponctuelles mais définitives, et voilà. Cela n’a rien d’éducatif. Par l’incompétence du gouvernement, on prépare une génération abimée. On court après le temps, on fait comme si mars ne signait pas des vacances au moins à temps partiel, on s’interroge, jusque sur les sites institutionnels, sur comment occuper les lycéens au troisième trimestre.

C’est un naufrage.

Aujourd’hui, nous apprenons que n’importe quel adulte dans les établissements pourra surveiller le bac. Nous sommes d’accord, surveiller n’est pas compliqué, mais nécessite de vivre certains enjeux, d’incarner un positionnement précis. Il y a des gestes techniques, des points de vigilance précis, des protocoles à respecter. S’ils ne le sont pas, il y aura évidemment des recours justifiés.

Nous apprenons aussi que les élèves pourront arriver en retard, et resteront de sorte qu’ils composent le temps prévu. Cela signifie-t-il que personne ne sortira avant que le dernier potentiel retardataire soit rentré dans la salle ? Car sinon, nul doute que les sujets auront déjà été diffusés, et des éléments de correction aussi. Je ne trouve nulle part cette information : va-t-on empêcher les candidats qui voudraient sortir de quitter la salle d’examen ? C’est pourtant important de façon élémentaire. C’est concret, pratique, bassement matériel. Mais nous autres avons les pieds sur terre, justement.

Alors le débat, parfois violent, de grève ou pas grève du bac, est d’autant plus dommageable : ne se trompe-t-on pas de cible ? Qui a détruit le bac, finalement ? Que signifie-t-il aujourd’hui ? La souffrance des collègues qui penchent pour la grève du bac doit-elle être hiérarchisée, définie comme secondaire par rapport à l’implication des lycéens dans l’obtention du bac ?

Je ne crois pas que ce soit le moment de se déchirer. Les choses sont complexes et délicates, et tous les points de vue se défendent et peuvent se comprendre. Ne dilapidons pas notre énergie et nos capacités d’analyse dans des disputes stériles. En revanche, débattons, discutons. Et luttons.

Et puis quand même, ce débat et ces dissensions ont quelque chose de perturbants : lorsque le lycée professionnel est passé au contrôle continu, on n’a pas entendu grand-chose. Les questions vives de la certification des bacheliers professionnels, leur ressenti, leur vécu, leur réussite n’ont pas été interrogés de façon partagée. En ce moment, la levée de bouclier autour du bac, qu’elle soit autour du dispositif ou autour du déroulement de cette session, ressemble à une lutte de classe. Le gouvernement aurait pu en faire autre chose et éviter ce état de fait, en organisant une réflexion collective. Il ne l’a pas fait, nous mettant par là-même dans une posture philosophiquement et humainement plus qu’inconfortable.

A aucun moment la question ne se pose de façon globale sur ce que c’est qu’éduquer la jeunesse, de quel projet de société veut véhiculer l’école. Formons-nous encore une société, ou des castes plus ou moins influentes ?

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La semaine 2023 des mathématiques en Normandie

Que va-t-il se passer chez nous les Normands, pour la semaine des maths, du 6 au 15 mars 2023 ? Des constellations d’idées, des feux d’artifices d’activités en classe et hors la classe, pour fêter les maths. Voici ce que nous apprend la lettre de l’inspection :

Cette page académique propose de nombreuses pistes de réflexion pour faire vivre la semaine des mathématiques dans toutes les classes. Digipad, littérature, ateliers, cartographie, théorème des quatre couleurs… Une véritable boussole pour explorer la carte des mathématiques et faire de belles découvertes. Un grand merci en particulier à Alice Ernoult, professeure de mathématiques en CPGE ECG au lycée François Ier du Havre et membre de l’APMEP. 

Cette page eduscol est dédiée à la semaine des mathématiques. Elle vous permettra de télécharger le guide de la semaine des mathématiques, riche d’idées adaptées à chaque niveau ainsi qu’un kit de communication

Des événements :

  • Mini-conférences d’élèves à la Cité de la Mer à Cherbourg-en-Cotentin (50). Lundi 6 mars. En fonction des places disponibles, il reste peut-être des possibilités d’y inscrire votre classe. Contact : Stéphanie JAUBERT
  • Petite balade dans le premier ordre. Conférence donnée par Friedrich Wehrung, chercheur au laboratoire ORESME CNRS Université de CAEN. Mercredi 8 mars de 14h à 16h dans l’amphithéâtre de CANOPE Caen à destination des enseignants du premier et du second degré et du grand public. 

En partant d’un petit casse-tête connu dès la maternelle, on se promène dans quelques structures mathématiques de base comme les groupes, monoïdes, algèbres de Boole, accompagnés d’un outil informatique conçu pour aborder celles-ci et bien d’autres encore, à savoir le logiciel Prover9-Mace4, avec l’ambition d’emprunter des chemins qui mènent à des problèmes de niveau recherche. 

Possibilités d’assister à la conférence en présentiel, en distanciel dans l’un des ateliers du réseau normand CANOPE ou dans un autre endroit à votre convenance. Voici le lien pour vous inscrire selon la modalité qui vous convient 

  • Atelier Découverte IREM de CAEN. Orthodromie, travail sur le globe et cartes animés. Ateliers à destination des collégiens et des lycéens animés par des enseignants, des chercheurs et des élèves. Mardi 14 mars de 9h30 à 11h30 dans la salle d’examen de l’université de Caen, CAMPUS 2  ; contact pour inscrire vos classes. 
  • Table ronde « Faire des mathématiques, une carte d’atout ». Mercredi 15 mars de 14h à 16h avec les témoignages de quatre professeurs du premier degré au supérieur : Delphine Dangremont, Michel Denais, Alice Ernoult et Claire Lommé. Cette table ronde, à destination des enseignants du premier et du second degré, aura lieu au laboratoire de Mathématique du lycée Augustin Fresnel de Bernay. 

Il s’agit d’amorcer une réflexion collective pour répondre à la diversité de parcours, de besoins et d’aspirations des élèves que nous accueillons en classe de mathématiques. Nos témoins, engagés pour que chacune et chacun des élèves se sentent légitimes à apprendre des mathématiques, sont convaincus que le plaisir de faire des mathématiques participe des progrès et du renforcement de l’estime de soi. Ils échangeront avec vous pour partager des expériences de pratiques professionnelles. 

Nous reviendrons vers vous très prochainement pour vous préciser les modalités d’inscription. 

  • Une énigme par jour. Cette page du site académique, sur laquelle vous trouverez l’ensemble des actions normandes proposera pendant cette longue semaine une énigme par jour adaptée à chaque niveau. Que les meilleurs gagnent ! 
  • Des jeux de cartes autour des mathématiques. Sur cette page du site académique de mathématiques dédiée à la semaine des mathématiques, vous trouverez des tours de magie mathématiques avec des cartes, à voir, à comprendre et à faire avec vos élèves. 

Merci aux équipes qui le souhaitent de continuer à renseigner ce questionnaire qui permet au comité de pilotage de recenser les nombreuses actions en établissement. De nombreuses équipes l’ont déjà renseigné et nous nous félicitons de la richesse et la diversité des actions proposées. 

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A l’impossible…

…nul, et en l’occurrence nulle n’est tenue. Une collègue me disait récemment qu’elle trouvait remarquable ma capacité à monter de gros projets et à aller jusqu’au bout. He bien cette année, j’ai un contre-exemple : j’avais un super chouette projet de cartographie. Pour l’année de Maths à la carte, cela me semblait parfait. J’en ai parlé aux élèves à la rentrée de septembre, nous avons travaillé dessus, j’ai travaillé dessus de mon côté.

Et puis voilà, les difficultés se sont amoncelées. Des difficultés de type c’est-la-faute-à-personne, des difficultés de type c’est-la-faute-à-quelqu’un, un coût financier qui va encore me revenir, et puis rien de fluide dans l’opérationnel… Je jette l’éponge. J’ai mené des combats pour des projets, pourtant, mais là c’est trop et j’en ai assez, ras la casquette, plein les chaussettes, bref : zut. Je range mon projet, en le mettant soigneusement de côté : je trouverai bien un moyen de le recycler d’une façon ou d’une autre, ailleurs, à un autre moment. Sans doute le fait de mener pas mal d’autres projets, en dehors de l’établissement, me fait prendre du recul. Parce qu’ailleurs, ça se passe mieux, en fait. Alors je ne suis pas prête à m’épuiser en luttant contre différents courants divergents, et je sais que je dois aussi prendre soin de moi. Je n’ai pas de sentiment de culpabilité, ni d’échec personnel. Au contraire, je suis satisfaite de ma décision car elle est sage. J’ai longuement réfléchi pour la prendre, envisagé des tas de variations et de solutions, mais quand ça veut pas, ça veut pas.

Mais bon, je n’allais pas non plus renoncer à tout. La semaine des maths, ça se fête, quand même ! Alors j’ai cogité : qui dit fête des maths, qui dit projet, ne dit pas forcément truc de ouf. Il me faut du consistant, des objectifs péda et/ou dida clairs, de la culture, de la gaité et de la variété. Comme je fais classe ouverte sur cette période, je voudrais aussi impliquer les parents.

Je vais donc faire simple et festif : chaque jour pendant ces dix jours (car cette année la semaine des maths dure dix jours), nous mènerons une activité sympa, avec ou sans rapport avec Maths à la carte, mais qui marquera le coup. Cela ira de la balade mathématique dans le quartier à de l’origami, en passant par des débats philo et des rallyes, avec un soupçon de lectures, d’histoire, de cuisine, de jeux et d’arts. Ca va être beau, facile à déployer pour moi, enrichissant pour tout le monde.

Voilà.

C’est bien, comme ça.

Mais bon, on n’en gagne pas, dans l’éducation nationale, tout de même.

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Les pourcentages, c’est pas facile-facile.

La preuve, même le ministre a du mal. Il a loupé son calcul. Déjà que c’est pas une revalorisation mais une prime qui ne correspond pas à la réalité opérationnelle des établissements, en plus le calcul il est pas bon.

Comme quoi, les maths, c’est utile…

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Contre la suppression de la technologie en sixième

Voici un communiqué des enseignants de technologie, via leurs associations (Assetec, UPSTI, Pagestec et l’AEET), qui réagit à la suppression de la technologie en classe de sixième :

S’agit-il de détruire toute ambition d’innovation technologique en France ?

Nous sommes contre cette suppression qui traduit une méconnaissance totale des enjeux du 21ème siècle. En effet, pour réussir la transition énergétique qui s’impose dans la lutte contre le réchauffement climatique et entamer sa réindustrialisation, la France a plus que jamais, besoin d’une jeunesse ouverte aux Sciences et à la Technologie, c’est ainsi qu’elle suscitera des vocations, et formera ainsi les ingénieures et ingénieurs, techniciennes et techniciens, ouvrières et ouvriers, dont elle a besoin.

Nous soulignons l’hypocrisie du discours qui consiste à dire que supprimer l’enseignement technologique permettra de renforcer les fondamentaux. Cet enseignement, par son essence, les renforce et les développe, via des projets innovants, mêlant la maîtrise de la langue, l’usage des Mathématiques et  l’application des lois de la Physique et de la Chimie. Nos méthodes d’apprentissage, propres aux disciplines expérimentales, développent l’esprit critique, stimulent la créativité et contribuent à la lutte contre le décrochage scolaire…

Nous demandons le maintien d’un enseignement technologique de l’Ecole primaire à la Terminale, sans interruption, renforcé par des dotations en matériels et par un accueil en groupes de Laboratoire, afin d’offrir aux élèves, un enseignement cohérent, qui favorisera l’émergence de citoyens créatifs et innovants avec un réel bagage scientifique et technique, aptes à construire le monde de demain et même d’après-demain.

Votre métier, Monsieur le Ministre, consiste à protéger et à développer notre système éducatif qui est notre maison commune ; faire en sorte que les fondations en soient solides est vital mais certainement pas en sacrifiant les murs porteurs.

Une pétition est en ligne ici.

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Les nombres à virgule

Un collègue m’a signalé ce document :

Il est très intéressant, et j’ai lu bien davantage que la partie sur les enseignements de mathématiques. Mais le collègue me l’a envoyé parce qu’il est tombé de sa chaise à sa lecture, sur les nombres décimaux, rebaptisés de façon systématique « nombres à virgule », comme ici par exemple :

C’est vrai que c’est ouf tendance bizarre. Et c’est écrit partout partout, 11 fois.

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L’école du futur antérieur, en pire

Alors je résume :

  • pour apprendre l’orthographe il faut faire des dictées (par contre, l’enseigner, l’orthographe, ce n’est pas dit) ;
  • le retour de l’uniforme c’est youhou (sachant qu’en principe pour un retour il faut qu’il y ait déjà un un tour, et là non) ;
  • il ne faut pas donner de documents à compléter, parce qu’écrire des leçons c’est hyper important (mais les comprendre, c’est pas dit, et s’adapter aux élèves à besoins particuliers, n’en parlons pas) ;
  • la techno, ça ne sert à rien, et puis y a pas d’profs, allez on enlève en sixième (je n’ai même pas les mots).

Voilà. Bon weekend.

A lire aussi ici.

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Prédictions vs. prévisions

Un article que mon mari a publié sur son blog m’a fait réaliser ce qui m’avait échappé : quand j’ai entendu « «Qui aurait pu prédire la vague d’infla­tion, ainsi déclenchée? Ou la crise climatique aux effets spectaculai­res encore cet été dans notre pays ? », j’ai d’abord été frappée de stupeur. Puis j’ai ri, mais ce devrait être nerveux. Mais en fait c’est surtout le verbe utilisé, qui aurait dû me frapper :

En effet, le champ sémantique utilisé par notre président dit tout de son rapport aux savoirs et aux sciences : selon mon ami Dico, le premier sens de prédire est annoncer un évènement comme devant se produire, sans preuves ni indices rationnels. Alors que prévoir s’appuie sur des données.

On peut aussi s’interroger sur qui écrit les discours de monsieur Macron, et qui les relit. Autant dans le fond que dans la forme, il y aurait dû avoir des corrections avant la prise parole.