Ce matin, après avoir rédigé mon 12e PPI (sur 14, vous ne voyez pas ma danse de la joie mais ça swingue), j’ai lu deux articles qu’une de nos formatrices nous a donné à étudier sur la dyscalculie.
Le premier article est intitulé “La dyscalculie, caractéristiques et thérapie“, et écrit par Anne-Françoise Chambrier. Il rappelle que la dyscalculie est un trouble des habiletés numériques et arithmétiques durable, sans déficit sensoriel, avec un niveau intellectuel dans la norme. Le diagnostic de dyscalculie est posé suite à un bilan, lors duquel on utilise des tests standardisés tels que le Tédi-Math,le Zareki, le Numerical ou l’UDN-II. On teste alors le comptage, le dénombrement, le transcodage, les systèmes numériques, l’arithmétique, les opérations logiques, l’estimation de la quantité et la résolution de problèmes.
La dyscalculie est peut-être un trouble de la magnitude, c’est-à-dire de la représentation de la quantité : les enfants dyscalculiques ont une représentation de la quantité moins précise, de moins en moins précise quand on avance dans les nombres. Cela donne une représentation de type logarithmique. Mais d’autres théories sont étudiées, comme celle selon laquelle la dyscalculie serait un trouble secondaire conséquence d’un autre déficit cognitif, comme un déficit de la mémoire de travail par exemple.
La recherche sur la dyscalculie est en retard par rapport à la dyslexie, entre autres. On dispose tout de même de quelques outils, comme l’estimateur de Vilette, qui est en effet un outil que je trouve très enrichissant pour aider des élèves qui sont en difficulté face au nombre. mais our le moment les thérapeutes privilégient des approches individualisées pour aider les enfants dyscalculiques. L’article insiste sur l’importance de la collaboration entre thérapeutes et enseignants, qui amène l’enseignant à mettre en place des compensations : mettre à disposition les tables ou une calculatrice une ligne numérique, des outils de manipulation pour représenter les quantités, surligner les signes d’opérations pour éviter les interférences entre techniques de calcul, etc.
Le deuxième article s’intitule “Les dyscalculies de l’enfant IMC : de la maternelle au collège“, par Françoise Duquesne. Le contexte est différent, puisqu’on s’intéresse aux enfants souffrant d’une infirmité motrice cérébrale. L’auteure explique les différentes “composantes” nécessaires à la compréhension du nombre, et conclut ainsi :
Au final, pour favoriser la construction du concept de nombre par les enfants IMC, il ne nous semble pas « utopique » de faire appel à leur intelligence pour compenser leurs difficultés d’action sur le réel et d’expérimentation physique des quantités. C’est pourquoi, nous choisissons de renforcer avec eux les activités de calcul et d’accroître ainsi les multiples bénéfices que nous pensons qu’ils peuvent en tirer, à savoir :
– La meilleure compréhension des règles de calcul qui leur évitera de recourir au dénombrement
– Une mémorisation des faits numériques facilitée par la maîtrise des stratégies de reconstruction des résultats
– La libération de leur espace mental lors de la résolution de problèmes arithmétiques
– La compensation de leur lenteur d’action par une agilité intellectuelle
– L’élaboration d’une méthodologie de calcul qui sera réutilisée tout au long de leur scolarité future. Au collège, on remplacera des nombres par d’autres, qui cette fois, seront plus « simples » non plus en taille mais de nature différente. Par exemple, les décimaux ou les fractions seront remplacés par des entiers. De même, en algèbre les nombres seront remplacés par des lettres.
Au final, nous pensons que, dès le début de l’école élémentaire, les élèves IMC doivent concevoir qu’il y a toujours différentes façons d’exprimer une même quantité, d’écrire un même nombre et d’effectuer un même calcul : ne pas l’avoir expérimenté dès les premiers apprentissages numériques (au sens d’une action mentalisée) représente une entrave pour les apprentissages algébriques qui surviennent au collège.
Françoise Duquesne, Les dyscalculies de l’enfant IMC : de la maternelle au collège, pages 8 et 9
Je trouve le propos intéressant et important : il considère ces élèves non pas comme des cas plus ou moins désespérés quant à leur accès aux mathématiques, mais comme des “jeunes apprentis mathématiciens” certes en difficulté, mais aussi en capacité de surmonter des obstacles, avec une aide adaptée.
Notre objectif est, à chaque étape, de les aider à mettre leur intelligence au service de la compréhension des systèmes mathématiques et de la raison d’être de ces systèmes pour expliquer, modéliser et simplifier le monde réel.
Françoise Duquesne, Les dyscalculies de l’enfant IMC : de la maternelle au collège, page 13