Ce matin, j’ai testé avec une de mes classes de sixième le début de l’activité appuyée sur l’album La nuit est pleine de promesses, dont j’avais parlé ici. Cela n’a pas été facile, les élèves ont eu plein de difficultés et de questions que je n’avais pas toujours prévues. C’était donc super intéressant.
Voici un compte-rendu de cette première phase. Le plan de la séance, d’abord :
- Présentation et lecture de l’album
- Etude de la double page qui nourrit l’activité visée ;
- Les ombres, comment ça marche ?
- Représentation en 3D, avec plein de choix à faire ;
- En route vers la modélisation ;
- A faire pour demain.
Etape 1 : présentation et lecture de l’album
Alors une chose est sûre : en 6e, les élèves (ceux-là en tout cas) aiment toujours qu’on leur raconte des histoires. J’avais une belle attention de leur part, un joli silence. L’album est beau et les mots y sont certes rares, mais beaux et porteurs d’une ambiance poétique.
Une fois l’album lu, j’ai répondu aux questions : c’est quoi cette onde, existe-t-elle pour de vrai, est-elle toujours en mouvement, envoie-t-elle toujours des informations, et les extra-terrestres, ils existent ?
Etape 2 : étude de la double page qui nourrit l’activité
Voici la page en question :
C’est un album sur l’espace, mais la première activité que j’ai entamée concerne ces deux pages terrestres. Ce que je voulais étudier avec les élèves, ce sont des ombres. Mais avant tout, les élèves ont décrit tout ce qu’ils voyaient sur cette double page. C’était intéressant, leur regard. Un groupe n’a pas du tout mentionné les ombres, un autre oui, assez rapidement.
Etape 3 : les ombres, comment ça marche ?
Là, surprise : les élèves ne semblaient pas s’être posé la question de comment les ombres sont produites. Beaucoup pensaient projeter une ombre par leur corps, par-dessus la lumière « du sol »… Un seul élève dans chaque groupe a réussi à formuler l’idée que les corps opaques bloquent la lumière. C’était intéressant de constater comme l’explication des ombres était une découverte pour eux. Forcément, cela m’a beaucoup ralentie, mais en même temps j’ai pu leur apprendre quelque chose. Je me demande si beaucoup d’entre eux ne se posent carrément pas de questions, ou s’ils perçoivent leur environnement comme plus ou moins magique.
En tout cas, nous sommes arrivés à l’idée d’ombre comme projection du cops au sol suivant la direction des rayons solaires. De là à tracer des ombres à partir d’une représentation de point lumineux et de personnages, nous en étions en fait encore très loin : quand j’ai demandé où allait se trouver l’ombre d’un Playmobil si le soleil était placé ici ou là, des élèves m’ont proposé qu’elle se situerait devant le personnage, entre lui et les soleil. Quand j’ai demandé de quelle forme serait l’ombre, beaucoup l’élèves ne considéraient pas qu’elle correspondrait au contour du personnage (allongé ou rétréci). Et une fois tout ceci patiemment résolu, quand j’ai demandé si l’ombre serait de la même taille que le personnage, beaucoup d’élèves m’ont dit : oui.
Alors nous avons éteint les lumières et allumé la lampe de mon téléphone. Nous avons constaté, nous l’avons déplacée, nous avons expliqué.
Autrement dit, j’ai un peu ramé. Mais nous sommes arrivés au bout de cette partie-là.
Etape 4 : représentation 3D, avec tout plein de choix à faire
Alors voilà, un sol en papier, des Playmobils dessus, une source de lumière représentée. Comment tracer l’ombre des personnages ?
J’ai rapidement ressorti les rames. Pour faire émerger le concept d’alignement (source lumineuse-haut de la tête-point projeté au sol par exemple), ça a été assez sportif. Il a fallu faire des choix : d’où considère-t-ton que vient la lumière ? De toute la boule en polystyrène ? Et comment déterminer les points projetés ? Les élèves ont proposé que nous utilisions une règle, mais cela ne fonctionnait pas bien : soit trop petite, soit trop grande pour permettre de visualiser l’alignement requis, pas moyen. Personne n’a eu l’idée d’utiliser une corde, une ficelle, un ruban. Alors j’ai fini par dégainer la ficelle.
Nouveaux choix à faire : que choisir sur le bonhomme pour projeter ? Combien de points sont nécessaires ? Est-ce que c’est grave si la ficelle n’est pas tendue ? Est-ce que c’est grave si elle forme une ligne brisée (brisée là où elle touche le bonhomme) ? Est-ce que c’est normal que l’ombre soit toute déformée, avec une lonnnnngue tête alors qu’elle a des jambes plus ou moins normales ?
Et puis ça s’est fait :
Etape 5 : en route vers la modélisation
Cette étape a été filée tout au long de l’activité : nous sommes progressivement passés de « rayon de soleil » à « segment », de « soleil » à « point lumineux », etc. Nous avons amené doucement l’idée qu’il y a un triangle rectangle, avec un autre emboîté dedans. Et nous sommes aussi arrivés à l’idée qu’en maths, on abstrait. En sciences appliquées, on expérimente (pas seulement, mais c’est une composante de la démarche scientifique). En maths, on abstrait pour généraliser, pour modéliser.
Cette étape-là, je crois que nous l’avons bien, bien entamée, tout en douceur.
Etape 6 : à faire pour demain
Pour demain, il faut représenter la situation en deux dimensions, en coupe verticale : le sol horizontal, un bonhomme vertical, un soleil, et tracer son ombre. Ensuite, même chose, mais « mathématiquement ». Je vais ramasser et voir ce que cela donne : j’ai hâte de voir ce que les élèves envisagent comme « mathématiquement ». Je pourrai évaluer l’étape 5, et puis embrayer sur du vocabulaire et des propriétés, sur ce qui relève des hypothèses, ce qui peut être prouvé.
Allez hop, je vais reprendre mon diapo pour intégrer ces éléments vécus. Et poursuivre cette semaine avec mes élèves cette partie de l’exploitation de l’album, et tester en CM1 et/ou CM2 chez les copines.