A l'attaque !·A quoi ça sert les maths ?·Activité rigolote·Actualité·Allez les jeunes !·école·BRAVO!!!·Chez les élèves·Culture mathématique·Cycle 3·Dur dur·Evénement·Expo de maths·Maths pour tous·Partager les maths·Quel beau métier·Tous ensemble !

Mathématiques et émotions

Un de mes ateliers s’appuie sur l’album Il était une forme. C’est une nouvelle activité, pour moi, destinée au cycle 3. J’ai découvert l’album il y a quelque temps, j’en ai fait quelque chose à l’occasion du Salon des jeux mathématiques et je l’ai testé avant de venir dans la classe de Christelle, en CE1, sans sa dernière partie, difficile pour des élèves de cycle 2. Ca a bien marché.

Sur le stand recherche du Salon, j’ai mis en oeuvre l’atelier Il était une forme, avec des enfants de cycle 3. Je ne savais pas comment cela prendrait, car c’était quand même une nouveauté, jamais déployée en cycle 3, dans un contexte différent. Et puis les élèves de Christelle sont tellement ouverts à tout, quand je viens les voir, que je savais que des choses peuvent fonctionner avec eux et pas avec d’autres.

Bref, je l’ai déployé avec deux groupes de classes assez différentes de CM2. Dans les deux cas, l’atelier a été un succès. Pourtant j’ai senti les réticences de certains enfants au départ : on parle d’émotions, de ressentis, de sentiments, et même si j’insiste au départ sur le fait qu’on peut imaginer quelqu’un qu’on connaît, quelqu’un qu’on ne connaît pas, un animal qu’on aime, pour quelques enfants c’était difficile émotionnellement. Certaines et certains ont foncé tout de suite, ont senti quoi faire, on associé forme et émotion, en étant capable de verbaliser pourquoi et comment. D’autres se sont mis en retrait et je les ai aidés doucement : nous sommes passés parfois par un personnage de fiction, Naruto ayant un grand succès.

Un enfant m’a particulièrement marquée. Il m’a demandé de lui réexpliquer la consigne au moins trois fois. A chaque fois, il m’a dit avoir compris, mais ne s’est pas mis en activité. Il se tenait un peu éloigné de la table, comme pour marquer sa distance. Il était d’ailleurs déjà en marge de l’ensemble du groupe à son arrivée et je l’avais remarqué en ce sens. Je l’ai laissé tranquille un moment, puis je revenais vers lui le plus paisiblement possible. Mais ça ne marchait pas. Je lui ai proposé de représenter des émotions ou des sentiments que je lui proposerai, en m’arrêtant dans la liste que je lui énonçais quand quelque chose lui plaisait. Mais non. Je lui ai proposé de faire le contraire : de dessiner une forme géométrique et de réfléchir, tout seul ou avec moi, à ce que cela pourrait lui évoquer. Mais non.

Et puis à un moment donné cet enfant a écrit dans la partie émotions. Je le regardais de l’autre bout. J’avais envie de bondir à côté de lui, pour voir. Mais j’ai attendu, évidemment. Cet enfant n’avait surtout pas besoin de mes émotions à moi, là. Il a relevé la te^te et m’a regardée, pour la première fois directement, de façon insistante. Alors je suis venue.

Il avait même représenté une forme. Et il avait écrit « Supporter et ne pas ressentir la douleur ».

Puis il l’a effacé.

En partant, il a suivi son groupe, toujours à petite distance. Ils ont disparu de mon champ de vision. Et puis j’ai entendu une petite voix : une enfant du groupe avait rebroussé chemin parce qu’elle avait « oublié de me dire merci ». Elle était toute heureuse de l’activité, toute gaie et cela m’a fait du bien. Juste derrière elle, l’enfant de la douleur se tenait tout droit, s’est un petit peu incliné vers moi et est reparti.

Pfiou.

J’essaie de ne pas tirer de conclusions hâtives de cette histoire : peut-être n’est-ce pas du tout de la souffrance… Mais l’ensemble est tout de même assez bouleversant.

Actualité·Allez les jeunes !·BRAVO!!!·Chez les élèves·Culture mathématique·Evénement·hommage·Je suis fan·Maths pour tous·Merci !·Ouaaaaaaaaaaaaah !!!·Partager les maths·Tous ensemble !

Et maintenant, les olympiades de maths

Aujourd’hui j’ai appris que quatre de mes élèves de quatrième sont lauréats des olympiades de mathématiques. C’est une année incroyable.

Je suis très fière de vous, les jeunes. C’est une magnifique année et vous contribuez à donner du sens à mon investissement. Mais je suis tout aussi fière de J ou M, tellement en difficultés en maths au départ et qui ont tant progressé, ou de M, dyscalculique qui a réussi à construire du numérique en trois ans, ou de F ou C, pour qui venir au collège est si difficile, mais qui sont là en maths.

Quand vous m’offrez une victoire-événement, je suis profondément heureuse. Et quand vous m’offrez des victoires au long cours et des victoires discrètes, ponctuelles mais tellement signifiantes, je le suis tout autant.

A l'attaque !·Activité rigolote·Allez les jeunes !·Au collège·BRAVO!!!·C'est bien pratique·Chez les élèves·Chez les collègues·Compétences·Culture mathématique·En classe·Enseignement·Evénement·Expo de maths·Informatique·Je suis fan·Maths par les jeux·Maths pour tous·Numérique·Partager les maths·Programmation

Castor et Algorea, duo gagnant pour mes élèves et moi

Ce matin, mes dernières classes ont passé l’Algorea 3. Le concours CastorAlgorea, c’est vraiment extra : en quatre manches, les élèves travaillent la programmation et progressent très, très vite. Comme en plus je les entraîne aux départ, c’est 5 séances en tout que nous aurons passées sur ces concours, et à partir de là en programmation tout est possible. Pour vous donner une idée, voici des scripts réalisés par des élèves de 6e et de 5e, en cette fin d’année :

Des boucles imbriquées, des fonctions, des variables, des opérateurs : objectif dépassé, c’est bien ! Et le tout dans la bonne humeur. Certains élèves font des liens avec des outils technologiques, en imaginant comment ils se programment. Je suis absolument fan : pour les élèves c’est sympa, motivant et éducatif. Pour moi, c’est un moyen très efficace d’enseigner la programmation.

A l'attaque !·Allez les jeunes !·Chez les chercheurs·Décrochage·En classe

L’ennui en classe

Sur Etre prof, Geoffrey Boulard, professeur de sciences humaines & sociales et psychopédagogue clinicien spécialisé dans les apprentissages en milieu scolaire, a écrit un article sur l’ennui à l’école.

Selon Geoffrey Boulard, l’ennui que manifestent certains élèves « peu impliqués »est un système de défense destiné à protéger la confiance et l’estime d’eux-mêmes. L’ennui provient de la confrontation à des tâches trop faciles, ou au faut que l’élève ne sait pas comment faite mais n’ose pas le dire, ce qui est, selon Thérèse Bouffard, professeure au département de psychologie de l’université du Québec à Montréal, l’illusion d’incompétence scolaire, qui fait se sentir impuissant et démotive.

La motivation est un phénomène dynamique qui tire sa source dans des perceptions que l’élève a de lui-même et de son environnement, et qui a pour conséquence qu’il choisit de s’engager à accomplir l’activité pédagogique qu’on lui propose et de persévérer dans son accomplissement, et ce, dans le but d’apprendre.

Rolland Viau

Geoffrey Boulard rappelle tout d’abord que montrer aux élèves qu’on a confiance en leurs capacités est la base : forcément, si on leur renvoie une image dépréciée, il va être difficile pour eux de trouver les ressources pour surmonter le regard de celui qui demeure à leurs yeux expert. Il conseille aussi de développer le travail sur l’erreur et d’expliciter les attendus en matière de comportement face au travail. Geoffrey Boulard propose aussi, pour aider un élève qui s’ennuie, de réaliser avec elle ou lui une « pause métacognitive », pour verbaliser son état présent. Le but est d’amener l’élève à réaliser qu’il y a des stratégies qu’il n’a pas mises en place et qui pourraient l’aider.

C’est un thème très intéressant, l’ennui : moi-même je me suis beaucoup ennuyée en classe et dans ma vie d’adulte de nombreux contextes me placent dans une situation d’ennui, si je ne réagis pas. Mais en effet tout est là : réagir, trouver des moyens, des méthodes, des gestes qui suscitent de l’intérêt en soi. J’y suis bien arrivée à l’école, tout au long de ma scolarité. J’ai développé un grand univers intérieur et tout est source d’intérêt, à force, pour moi, même si c’est souvent associé à une grande fantaisie, la plupart du temps tue, sans quoi les personnes autour de moi vont me prendre pour une gentille illuminée. Cependant, même tue, cette fantaisie m’apporte, car elle est comme de l’énergie, des idées, des intuitions dirigées vers des tas de projets. Lorsque j’ouvre les vannes et que je raconte à mon mari tout ce qui me vient en tête en tout cas, il me dit que dans sa tête à lui, ce n’est pas comme ça. D’un autre côté, avoir développé ce comportement est très fatigant, car ma pensée m’échappe et part dans tous les sens sans jamais s’arrêter, ou presque : jardiner, bricoler l’apaise, mais pas grand chose d’autre.

Le souci, pour beaucoup d’élèves, est qu’il est difficile de leur faire accepter qu’il existe des solutions, des « trucs », mais que cela dépend d’eux et d’elles : ce n’est pas magique, cela demande une volonté individuelle qui elle-même relève d’un projet (se conformer à la norme scolaire, réussir à l’école, apprendre, n’embêter personne par exemple). Il faut déjà que l’élève soit réceptif à cette idée pour que l’on puisse accompagner l’élève. Un élève m’a récemment dit que sa vie n’était pas assez intéressante. Pourtant, en discutant avec lui, j’y ai vu de nombreux axes passionnants. Mais manifestement je ne l’ai pas convaincu en lui expliquant cela.

Actualité·Allez les jeunes !·Apprendre·BRAVO!!!·Chez les élèves·Chez les collègues·Culture mathématique·Expo de maths·Je suis fan·Lire·Maths pour tous·Merci !·Partager les maths·Tous ensemble !

Le petit Evariste

par Gilles Gourio

Gilles Gourio, qui anime Scienticfiz, a décidément des élèves formidables, et un talent et une énergie remarquables : en plus de Scienticfiz, il a amené des élèves à publier un journal : LE PETIT EVARISTE. Le premier numéro est e ligne et Gilles m’a fait l’amitié de me transmettre une question, ce qui me permet, en apportant ma réponse, de participer à cette belle aventure. Gilles et ses élèves espèrent être lus… C’est ici que vous trouverez leur publication.

Actualité·Allez les jeunes !·Au collège·Chez les élèves·Ecouter·Education·Evénement·Ici et ailleurs·Parole·Tous ensemble !

Quand un avant définit un aujourd’hui

J’ai écrit tout à l’heure un article sur un album qui parle du déracinement des enfants dont les familles fuient la guerre, et cela m’a rappelé un moment d’intense émotion la semaine dernière.

J’ai quatre élèves qui ont fui la guerre, dans une classe. Pas la même guerre, mais la même violence. Si tous et toutes le ressentent, le soulagement d’être en sécurité est vécu différemment selon les enfants et aussi selon les moments. Certains ont laissé derrière eux des proches, voire des très très proches. Et puis « leur » pays, c’est compliqué à définir, du coup.

En particulier, un élève qui commence à bien parler français participe avec régularité et enthousiasme. Jusqu’ici, cet élève me disait souvent des choses du type « chez moi, la division on la pose comme ça… », « chez moi, on note ça de cette façon… » Et la semaine dernière, il m’a dit :

Dans mon école d’avant, …

C’était la première fois. Peut-être n’est-ce pas du tout signifiant, mais quand même, peut-être que si. Peut-être il soigne un peu son déchirement si profond et si intime. Cette parole m’a vraiment touchée. Dans cette expression, « Dans mon école d’avant », il y a un maintenant qui existe différemment.

Je me demande si nos élèves mesurent comme nous les écoutons, comme nous analysons leur langage, le choix des mots, les pauses et les soupirs. Sans doute pas : ils ne seraient pas aussi naturels. Tant mieux.