C’est aujourd’hui ! Pour cause de grève ou de vilains microbes quelques élèves manquent à l’appel, mais ce sont 41 élèves de quatrième, tout de même, cette année, qui participent seuls ou en groupe. Et il y a 19 filles… Depuis une heure ça bosse dur, dans une ambiance assez incroyablement concentrée. Evidemment les élèves en individuel sont silencieux, mais même les élèves en groupe communiquent aussi efficacement que tranquillement. Ils sont motivés, organisés, à l’écoute, et cela fait vraiment du bien, de voir que de nombreux élèves ont envie d’aller plus loin, d’en faire plus, d’essayer. Je profite… 🙂
Le weekend dernier, mon fils m’a appris que le ratio hommes : fourmis est 1 : 2,5×106. Ca m’a plu, cette info, parce qu’elle utilise le ratio et en même temps la notation scientifique. Et puis ça parle de trucs concrets. Comme aujourd’hui j’avais mes élèves de quatrième avant le concours Merckhoffer, je me suis dit allez, on va faire des choses rigolotes pour qu’ils ne s’épuisent pas et gardent de l’énergie. Alors zou, j’ai écrit au tableau ce ratio et demandé ce qu’il signifie. Nous avons bien débattu, de ratio, d’unités, d’écriture scientifique, et puis nous avons posé la leçon. Les élèves se souvenaient bien du ratio, que nous avions étudié en cinquième, ce qui a aidé. Je crois que c’est la première fois que je trouve le ratio vraiment rigolo, en fait.
Ca a bien marché, et c’est plus sympa sur un tel exemple.
Je parle de π, ce matin : on fait un peu de grec, on parle histoire (bien avant les Grecs), on parle de tartes, on voit à quoi sert π, j’évoque la poésie de Michel Butor… J’adore cette séance, qui permet de partir dans de multiples directions tout en suivant un fil rouge bien net. Je trace un cercle de diamètre 1 mètre, j’annonce qu’il a un périmètre de π mètres. Et j’attends… La réaction est rapide : des yeux se plissent, des sourcils se froncent, j’entends des « mais… » et c’est parti pour LE débat de l’année : π est-il infini ? Comment peut-il être d’écriture décimale infinie tout en étant fini, précis ? Est-ce normal de le voir, là, le long de ce joli cercle vert au tableau, sans que ce cercle ne « bouge », témoin des chiffres qui « s’écoulent indéfiniment, des chiffres aussi nombreux que les grains de sable de la mer » ?
Le bonheur…
Et cette année, à la fin de l’heure, deux élèves viennent me voir :
Madame, à nous deux, on représente π !
Ah bon ? Comment ça ?
Hé bien mon initiale c’est P et je suis née le 3, et I son initiale c’est I et elle est née le 14…
Je reviens en passant sur Les problèmes par l’image, que j’ai présentés hier : j’ai eu des échanges avec des collègues via Twitter et le blog, toujours intéressants et enrichissants pour moi, mais j’ai eu l’impression de ne pas réussir à me faire comprendre d’une ou deux personnes. Beaucoup d’autres m’ont écrit qu’ils avaient bien compris mes intentions éditoriales, heureusement. Mais tout de même, je reviens en tentant d’être plus claire.
Les Problèmes par l’image s’appellent les Problèmes par l’image car c’est le nom du dispositif initial, de monsieur Winkopp, et que j’étais très soucieuse de lui rendre hommage et d’affirmer sa paternité sur ce bel outil. Mais les Problèmes par l’image sont avant tout un outil pour développer la reconnaissance et le décodage des implicites dans une situation : de l’implicite, il y en a partout et il n’est pas possible d’y échapper, mais nous, enseignants, pouvons faire deux choses pour aider nos élèves face aux ombres qu’il projette dans la compréhension de nos élèves. D’abord, nous pouvons éviter l’implicite évitable. Ensuite, nous pouvons enseigner la reconnaissance et le décodage de l’implicite qui demeure. En fait, il s’agit d’apprendre à mieux raisonner, et aussi à suspendre l’action le temps de l’analyse. C’est difficile, ça, de réfléchir avant d’agir. Pour tout le monde, mais en particulier pour des élèves en situation scolaire, qui veulent bien faire, être rassurés le plus vite possible et faire plaisir à tout le monde en ne donnant pas une image négative.
Dans les problèmes par l’image, il est donc question de langage et de communication, d’estime de soi, de raisonnement, de modélisation, de représentation. Alors oui, le titre indique aussi qu’il s’agit de problèmes : quel meilleur contexte pour travailler l’implicite que les problèmes ? Les Problèmes par l’image ne sont en aucun cas une méthode de résolution de problèmes (de base je n’aime pas les méthodes ; je ne vais pas en construire une). Ils constituent une base de problèmes, qui vont s’intégrer dans la multitude de problèmes de types différents que nous faisons travailler à nos élèves dans l’année. Ils permettent sans doute de mieux y entrer, et sont adaptés dès le début de l’année.
Ainsi, je ne suis vraiment pas d’accord avec la critique selon laquelle ces problèmes sont trop simples parce qu’ils sont imagés : les problèmes M@ths en vie sont de formidables supports, et n’ont aucune consigne… Evidemment qu’une image peut véhiculer de l’implicite ! Sinon d’ailleurs il y aurait beaucoup moins de fake news… Ici, les enjeux didactiques sont résistants, et j’y ai veillé. Même sans mots ce sont bien des problèmes, qui ne sont pas simples (ils ont tous été testés en classes de CM1 et CM2), et ce n’est évidemment absolument pas une façon de délaisser l’objectif fondamental qu’est la lecture ! En revanche, l’espace d’un moment, on va permettre aux élèves de centrer leur attention exactement sur ce qu’on veut leur apprendre : déjouer l’implicite consciemment et de façon argumentée. On va même développer le lexique, en passant. On va leur montrer comment réfléchir, ouvrir des portes, les outiller et les rendre plus autonomes de pensée. On va les faire avancer plus loin dans l’activité mathématique, en fait.
Pour finir, chaque problème est décliné en plusieurs étapes :
une réactivation hyper rapide des fondamentaux nécessaires, en collectif ;
une recherche de problème commune à tous les élèves, qui suit des étapes précises (on observe, on décode, on résout, on met en forme, on se questionne sur ce qu’on a produit), en individuel et/ou en groupe, puis en collectif pour institutionnaliser ;
une résolution individuelle d’une variante du problème étudié en collectif, avec trois niveaux de difficulté pour organiser simplement la différenciation. Tous les corrigés et les aides pédagogiques sont accessibles pour les enseignants. Là, on vérifie qu’on a compris dans un contexte similaire, mais les variables didactiques sont différentes dans les trois variantes ;
une résolution d’un problème similaire parmi trois problèmes proposés, dans des contextes différents et avec des difficultés croissantes, toujours dans une perspective pratique de différenciation. Mais avant des les résoudre, on les étudie tous ensemble pour comprendre leurs points communs et leurs variabilités : on explicite TOUT. Là, l’objectif est de transférer ;
Pour finir, chaque élève invente son propre problèmes, avec deux objectifs : qu’il soit clairement compréhensible pour autrui, et qu’il corresponde aux objectifs de savoirs qu’on a travaillé dans les étapes précédentes. C’est une très chouette étape, parce qu’elle est incroyablement productive et formatrice pour les élèves. Elle permet des échanges et des réflexions, avec de belles prises d’initiative, qui travaillent les maths, mais pas seulement.
Etape 1 : réactivation
Etape 2 : le problème à décoder et à résoudre
Etape 3 : on consolide et on teste sa compréhension en appliquant à un contexte similaire
Etape 4 : on transfère, étape fondamentale !
Etape 5 : on décolle, en créant et en résolvant un problème intelligible
Voilà ! Bon allez hop, c’est l’heure de faire le ménage, je file !
Aaaaaah, je suis contente, un outil que j’ai écrit à partir des « boîtes à Mamie », autrement appelées par monsieur Winkopp « Problèmes par l’image », est sorti ! C’est toujours chouette quand des projets sur lesquels on a travaillé longtemps et avec coeur sortent. Les problèmes par l’image, c’est un outil formidable que m’a déniché mon mari. Je l’ai utilisé pendant plusieurs années, j’ai formé pour promouvoir l’outil, et Bordas m’a proposé d’en faire une version actualisée mais qui respecte l’idée initiale, pour le cycle 3. Il n’était pas possible de rester sur le format cartes de problèmes, ce qui a été frustrant au départ. Mais cela m’a obligée à réfléchir autrement. Je me suis dit que proposer un outil d’explicitation, avec en ligne de mire l’égalité des chances et le travail de la langue, du repérage et du décodage de l’implicite, seraient un bon moteur. Je me suis bien amusée… Et je suis très contente du résultat. J’espère que ces Problèmes par l’image seront utiles aux élèves et à leurs enseignants !
Bon décidément je suis autrice… 🙂 Et je suis ravie de me voir caractérisée par mon engagement à l’APMEP, qui est vraiment important pour moi…
Ce matin, j’ai rencontré des collègues de cycle 2 de Rouen et sa région pour parler nombres et calculs. Des maths, dés échanges, des rencontres, avec toujours en visée les élèves… C’est ressourçant!
Un de mes collègues de technologie a organisé le concours Helica. Laura et moi étions jury pour évaluer la partie communication. Nous avons vu des réalisations fantastiques… Je suis fan de la Cow Car de la Meuh Meuh Team.
Sept heures de cours, un club sur la pause méridienne, le conseil de classe dont je suis prof principale, et hop direction la gare pour un weekend APMEP à Paris.
Arrivée dans le train, pfiouuuuuuu, décompression. J’avais emmené un bouquin de didactique, mais on verra plus tard. J’arrête de bosser pour aujourd’hui, je vais juste souffler et ensuite aller retrouver une amie pour dîner.
Et là, paf.
Dites @claire_lomme et les profs de maths… je me suis bien plantée dans mon programme de construction. Le rayon de mes arcs de cercle repassés en vert n’était pas bien calculé et à la fin, il ne se rejoignaient pas (flèche) Comment aurais-je dû faire ? ⬇️ pic.twitter.com/8K7b2NqXDQ