J’adore les observations et les analyses d’Olivier :
Une couverture de comics qui m’a fait marrer : Prodigo de Mark Millar. Pour présenter le personnage le plus intelligent et complet de la terre, faites le poser à côté d’un violon, d’un jeu d’échecs, d’un livre d’une sulfateuse et devant un tableau rempli de formules mathématiques.
On se dit à première vue de la couverture que le type est un génie, et aussi un homme d’action à la hauteur de son génie. Sauf que, regardez le tableau de plus près.
Le tableau est composé de nombreuses formules censées nous impressionner. En fait, 3 fois les mêmes formules et figures comme sur un papier peint (je veux le même papier peint pour mon bureau), et ces formules sont du niveau lycée, et sans vrai lien logique, d’ailleurs
Pour poser un personnage dans une BD, faites le poser devant un tableau de formules mathématiques. Ca impressionne.
Nathalie, une collègue avec qui j’échange numériquement m’a fait découvrir educmat, un site plein plein de très chouettes ressources. J’ai attaqué par les jeux de carrelage que Nathalie m’avait conseillés :
J’en ai préparé à imprimer pour mes élèves, car je suis déjà accro. On peut aussi jouer en ligne. La règle de base est toute simple : on doit compléter la grille en plaçant des rectangles, qui contiennent un et un seul nombre, qui détermine l’aire en carreaux de ce rectangle.
Je vous laisse, j’y retourne. Je n’ai pas fini le niveau expert.
Et ensuite j’explorerai le reste de ce site qui m’a l’air tout à fait formidable !
Le bureau de l’APMEP a écrit et publié un communiqué qui pose sa réaction devant le projet de programme de mathématiques de première.
L’APMEP a pris connaissance du projet de programme de mathématiques dans le cadre de l’enseignement scientifique et mathématique, en classe de première. Le ministère, sous pression, propose en urgence un aménagement inadapté sur une structure que nous dénonçons depuis le début avec force et sans relâche.
Ce n’est pas acceptable car cela ne permettra pas une formation de qualité.
Le projet de programme, aux allures de catalogue, renforce l’instrumentalisation des mathématiques sans leur donner de perspective culturelle et sociétale, ni les considérer comme objet d’étude. Or, le tronc commun doit contribuer à diffuser et à partager une culture commune. L’horaire annoncé (une heure et demie par semaine) ne permet pas la formation de l’ensemble des élèves à l’activité mathématique et le traitement de la totalité des contenus.
Le CSP s’est appliqué à répondre à la commande ministérielle qui n’était pas raisonnable. Nous dénonçons aussi le projet de programme comme ne répondant pas aux enjeux de formation du citoyen éclairé. S’il propose des thèmes incontournables, nous identifions le peu de finesse dans son contenu et le manque de souplesse dans son déploiement. L’articulation avec l’option mathématiques complémentaires n’est pas pertinente ; le risque perdure d’une aggravation de la désaffection des filles pour la spécialité de mathématiques.
Comment réconcilier les élèves avec les mathématiques avec les contenus proposés avec un si petit horaire ? L’APMEP demande, encore et toujours, la création d’une deuxième spécialité de mathématiques, complétant un enseignement de mathématiques du tronc commun, ainsi que la possibilité de conserver en classe de terminale les trois spécialités choisies en classe de première. Elle ne se satisfait pas de ce projet de programme, tant sur son contenu stéréotypé que sur sa déclinaison dans les établissements.
L’APMEP craint la grande souffrance qu’engendrera la mise en œuvre de cette proposition pour les élèves, leurs familles et les équipes éducatives.
Nathalie Sayac m’a aujourd’hui fait découvrir le site de Natthapoj Vincent Trakulphadetkrai, Mathsthroughstories. Alors là attention, vous qui aimez lier littérature et enseignement des mathématiques, j’espère que vous lisez l’anglais, parce que sinon vous allez passer à côté d’une pépite. Evidemment, les albums étant en langue étrangère c’est moins utilisable pour nous que s’ils étaient en langue française, mais d’abord certains sont traduits, et ensuite voilà une mine d’idées et de ressources transférable.
Le propos de ce site est de lier l’enseignement et de l’apprentissage des mathématiques par le biais d’histoires et de l’écriture créative, de façon concrète, comme par exemple en :
Découvrant des histoires mathématiques, nouvelles et classiques, pour pour nos élèves, au travers d’une grande base de données ;
Accédant à des tas d’informations au travers d’articles de blog, de critiques de livres et d’idées de contenus de séances ;
Apprenant à créer nos propres livres d’images d’histoires mathématiques.
J’en ai pour un moment d’exploration, mais j’ai voulu partager à mon tour cette découverte incroyable de Nathalie.
L’équipe est internationale, mais sans Français… Il va falloir remédier à cela vite fait, si c’est possible, parce que quand même, enfin bon.
Quelques extraits, tout à fait résumés :
Caractéristique clé 1 : Une histoire, une histoire, une histoire !
Les livres d’images doivent contenir une histoire impliquant des personnages, des décors, des intrigues, etc. Trop souvent, beaucoup d’entre nous supposent que tous les livres d’images contiennent une histoire. C’est une erreur. Dans le contexte des livres d’images sur les mathématiques, un titre très apprécié tel que « One Is a Snail, Ten Is a Crab » (Sayre & Sayre, 2003), constitue un excellent exemple de livre d’images sur les mathématiques qui ne contient aucun élément d’histoire. Bien que ce titre soit très utile pour aider les jeunes enfants à apprendre à compter et à additionner grâce à une série d’illustrations de personnes et d’animaux ayant un nombre de pattes différent (par exemple, « 1 est un escargot. 2 est une personne. 3 est une personne et un escargot »), il ne s’agit pas d’une histoire mathématique dans la mesure où il ne contient aucun élément de récit.
Plus précisément, « Un escargot, dix crabes » peut être décrit comme un livre d’images sur les concepts mathématiques. Malgré cette distinction, il ne faut pas nécessairement en déduire que les livres d’images conceptuels sont de moindre qualité que les livres d’images narratifs. Mais il est important que nous disposions tous d’un langage précis pour comprendre de quoi nous parlons.
La caractéristique clé 2 est la Résolution de problèmes; la 3 est l’aspect ouvert des démarches mathématiques envisageables. En n°4, il faut que les concepts mathématiques soient représentés de façon variée. En n°5, « Utiliser les idées fausses courantes comme point d’enseignement » est cité, et en n°6 le fait de se concentrer sur UN concept mathématique. Viennent ensuite l’exactitude mathématique, la diversité des personnages, l’aspect innovant dans l’approche des concepts mathématiques et la clarté de l’écriture. Rien que cette typologie est intéressante et fait écho au mémoire que je m’échine à écrire pour mon DE sur le thème d’enseigner les maths par les albums.
Des étudiants des Ecoles normales supérieures ont écrit une tribune au Monde, « pour une recherche impliquée, davantage connectée à la société ». Après des étudiants d’AgroParisTech, voici donc une nouvelle prise de position de jeunes, et bravo.
La beauté des sciences est parfois de n’avoir d’autre but que de chercher à saisir la réalité qui nous entoure. Mais que restera-t-il du vivant à étudier si nous n’avons rien fait pour l’empêcher de s’effondrer ? Pourra-t-on encore monter de grands projets scientifiques internationaux dans un monde où les conflits climatiques et technologiques proliféreront ?
Ainsi, la communauté mathématique peut mettre à profit sa connaissance des systèmes complexes pour améliorer les modèles avec lesquels les climatologues anticipent l’ampleur des sécheresses à venir, ce qui sert ensuite aux agronomes pour mettre au point des variétés résistantes. De même, des géographes et sociologues peuvent se saisir de ces travaux pour identifier à l’avance les populations vulnérables et des politiques d’adaptation efficaces. La recherche impliquée est suffisamment riche pour que toutes les disciplines puissent y participer et que la recherche fondamentale y trouve une place essentielle.
La 23e édition du Salon de la Culture et des jeux mathématiques a pour thème « Maths en Pleines Formes », place Saint Sulpice à Paris, du 2 au 5 Juin prochain en présentiel, mais avec aussi une version « déMATHérialisée » sur le site du salon. Il y en a donc pour tous les goûts et toutes les possibilités.
Entièrement gratuit, le salon se veut une grande fête des mathématiques. Les stands et l’espace rencontre proposent de vous faire découvrir les mathématiques sous un aspect inhabituel, ludique et vivant. C’est l’occasion d’arpenter les allées, de manipuler, de réfléchir et de vous émerveiller du pouvoir des mathématiques.
Décidément, cette semaine c’est facile pour trouver mes « tiens, je suis tombée là-dessus et je me suis demandé… » de la semaine :
Nous vivons un moment historique. Attachez vos ceintures, on va faire un voyage de 27000 années-lumière, vers le trou noir supermassif au centre de notre galaxie. Il est 4 millions de fois plus massif que le soleil. Et on le voit pour la première fois aujourd'hui! pic.twitter.com/zfElJaL6ek
Voilà que tout le monde s’agite dans les médias : dans Libé, la Croix, le Monde, le Figaro, France Inter, etc.
C’est tout de même curieux : nous profs, et particulièrement nous à l’APMEP, nous n’avons eu de cesse de dénoncer la situation, d’alerter devant la chute régulière du nombre de candidats, le niveau des candidats, la non attractivité du métier, les bouts de ficelle et tout et tout. Mais aujourd’hui, tout le monde s’émeut comme s’ils étaient surpris. Je ne comprends pas, mais c’est ainsi.
La baisse est liée au désamour (légitime) du métier de prof de maths, mal considéré, tellement moins bien payé que dans un autre emploi à qualification égale, à la désaffection des mathématiques, et aussi au fait que cette année il faut un master 2 pour passer le concours, au lieu d’un master 1 jusqu’à l’année dernière. Forcément, le vivier de candidats a encore diminué. Mais ne nous inquiétons surtout pas : Edouard Geffray (DGESCO) est intervenu pour rassurer les foules anxieuses. Non seulement « les élèves auront bien un professeur devant eux à la rentrée, y compris en mathématiques », mais « on recrute des professeurs compétents ». Comment ? Mystère : les mathématiques reviennent à raison d’une heure et demie par semaine en première, ce qui crée des besoins supplémentaires, et on a moins de profs. C’est même la première fois que les admissibles (pas les admis, mais les candidats ayant le droit de se présenter aux épreuves orales d’admission) sont moins nombreux que le nombre de postes (si c’est vraiment anticipé comme le dit Edouard Geffray, quelque chose m’échappe). Cela semble un problème arithmétique assez simple, représentable par un schéma en barres et modélisable par un schéma additif :
Sur Eduscol, une page a été mise à jour récemment, autour du plan mathématique. On y trouve des ressources pour les enseignants, des ressources pour les formateurs au niveau national et des ressources pour accompagner les chefs d’établissement.
Ah bin oui, on est bien d’accord !
Le guide de résolution de problèmes, que j’ai trouvé vraiment excellent, est présenté et en téléchargement. Des ressources sont proposées sur l’oral en maths, les automatismes, la trace écrite, par exemple. On trouve aussi des fiches et des capsules vidéo :
Je suis allée farfouiller dans ces fiches. Je les ai trouvées très bien : c’est concret, étayé, clair, et on s’attaque frontalement aux problèmes. J’ai un faible tout particulier pour celle qui s’intitule « MATHÉMATIQUES ET LUTTE CONTRE LES STÉRÉOTYPES SEXUÉS : Les interactions et l’organisation dans la classe », parce que j’ai été directement concernée par cette problématique et j’ai aimé la travailler, avec une chercheuse en sociologie.
Je me retrouve bien dans l’esprit qui est transmis sur cette page. Et les références : maths city map, regards de géomètre… Je m’y retrouve. Moi qui aime bien lire sur papier, je suis juste frustrée de ne pas pouvoir tout télécharger d’un coup pour imprimer ces fiches et travailler dessus de façon plus approfondie. Je vais essayer de me passer du papier, cependant, car je sais que c’est préférable, et les étudier sur écran. Mais il va me falloir du temps, car c’est vraiment riche.
Dans l’ouvrage Histoire d’une maison, de Viollet Le duc, accessible sur Gallica, il y a de quoi construire des activités…
On y trouve vraiment beaucoup de notions étudiées au collège : proportionnalité en général, échelles en particulier, figures planes et spatiales de référence, aires et périmètres, trigonométrie, pente, conversions, ratio