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Le plurilinguisme en Amérique centrale

Voici la dernière intervention de la journée : contextes plurilingues en Amérique latine, une réflexion didactique, par Avenilde Romo et Diana Solares, du Mexique.

Au Mexique, il n’y a pas consensus quant aux approches interculturelles, mais il existe des institutions interculturelles et bilingues qui forment des populations autochtones. Le but est d’être juste avec toutes les communautés linguistiques et préserver la richesse culturelle, dans un pays dans lequel 69 langues cohabitent.

Des enseignants travaillent à la revitalisation de la langue, comme deux enseignantes zapotèques prises en exemple. Elles enseignent par projet, et la communauté décide des sujets clefs de l’enseignement. Cela peut être les hamacs, l’élevage de vers à soie, la fabrication du chocolat. Elles conçoivent des projets qui mettent en mouvement des connaissances mathématiques. Dans ce cas, ce sont des enseignants isolés qui prennent en charge cette revitalisation des langues, en apprenant même une langue que parlent trois de leurs élèves parmi la classe, pour préserver ce patrimoine. Mais ce n’est pas porté de façon nationale.

Pour Alicia Avila, le principal problème de l’enseignement des mathématiques est celui de la langue et du vocabulaire : dans les langues autochtones, il n’y a pas toujours les mots pour parler de tel ou tel concept, comme les triangles rectangles par exemple. Il existe des manuels autochtones pour enseigner les langues, mais pas les mathématiques.

La modélisation en maths est un appui, pas un obstacle : un enseignant colombien a appris la langue de la communauté Arhuaca et a construit un projet sur la culture du café.

Dans la communauté Arhuaca, c’est la famille et la communauté qui ont en charge l’éducation des enfants jusqu’à 7 ans. De 7 à 12 ans, l’école primaire est très traditionnelle, animée par des membre de la communauté, qui apportent des enseignements en science naturel et environnement naturel, en mathématiques, en pratiques traditionnelles et ancestrales et en langage. Il existe aussi un établissement public agricole différencié sur le plan ethnique et accueille exclusivement des étudiants arhuaca, de 12 à 18 ans.

L’enseignant est très flexible et s’adapte à la culture de la communauté à laquelle il s’adresse : certains discours sont propres à la communauté et il faut le prendre en compte, ainsi que ses besoins. Ici, c’était comment planter du café sur une parcelle en pente, irrégulière, en développant un produit de qualité ?

L’optimisation mathématique ici ne se limitait pas au nombre de plans : elle concernait aussi la façon dont est traitée la terre, qui est traitée comme un cadeau. Ce n’est pas une optimisation « à l’occidentale », mais une optimisation d’équilibre.

Nous avons aussi étudié un cas d’enseignement des mathématiques en allemand pour des élèves mexicains hispanophones. Aider à expliciter les concepts et les procédures mathématiques passe, dans ce cadre, par la conjugaison permanente des expressions verbales, des expressions gestuelles et des expressions graphiques, pour favoriser en même temps l’acquisition du côté maths et du côté allemand. L’exemple pris est celui des valeurs approchées par défaut ou par excès, distinction qui n’existe pas en espagnol et que les élèves ont du mal à percevoir de ce fait. Les élèves mexicains de l’école observée apprennent donc en parallèle du lexique allemand et des notions ou des concepts mathématiques qui ne leur sont pas forcément familiers.

Bon, il est 19h et la journée 1 de Plurimaths 2022 s’achève. C’était une riche journée. Suite demain !

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