Parmi les rengaines qui me pompent l’air, il y a celle de l’uniforme à l’école. Bon, déjà, la question de l’uniforme est un marronnier. Ici, j’ai lu une histoire de l’uniforme à l’école, qui permet de tordre le cou aux idées reçues, voire aux fantasmes :
En conclusion, on peut affirmer qu’en France ni les écoles paroissiales, ni les écoles communales laïques instituées par la République n’ont imposé d’uniforme aux écoliers, contrairement à certaines institutions privées élitistes dont on distingue les élèves à leur costume. Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, l’école laïque, gratuite et obligatoire, s’adresse à tous. Jusqu’aux années 1960, le vêtement pèse dans le budget des familles, le coût d’un uniforme ne peut être envisagé.
« Distingue », voilà un mot intéressant, écrit en italique par l’auteure de l’article, Viviane Le Houëdec, sur son blog Les petites mains.
Je ne crois pas un instant qu’il s’agisse d’une question d’égalité, quand un politique évoque le « retour » de l’uniforme à l’école. Certains sont très motivés par le sujet ; notre ministre, lui, semble séduit par l’idée mais prudent :
“Et si demain on décidait l’uniforme pour tous, tout de suite, je pense qu’il y aurait beaucoup d’effets contreproductifs”, poursuit le ministre. ”Ça aurait un coût, mais qu’on pourrait assumer (….). Je suis pour que ça soit basé sur le volontariat et que ça se développe parce que ça permet de lutter contre un certain nombre de phénomènes”, conclut-il.
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D’abord, ce n’est pas un retour, puisque l’école publique n’en a jamais imposé en tant qu’institution.
Ensuite, l’uniforme à l’école, ce n’est ni égalitaire, ni équitable. Les conditions de vie des élèves sont très différentes, au sein d’un établissement, d’un établissement à l’autre, et l’entretien, le renouvellement des uniformes mènerait sans doute à des problèmes plus important qu’en son absence. Les élèves trouveraient sans doute d’ailleurs des tas de façons de désuniformiser leur uniforme.
L’idée de fond de l’uniforme, c’est bien celle de l’ordre, d’une part, tendance militaire pour les nostalgiques de je ne sais quoi, mais aussi, plus côté adjectif, de ce qui « ne change pas de forme ». Et là, on est complètement à côté des objectifs de l’école : l’école vise à faire grandir, à aider à changer de forme harmonieusement, en restant soi-même mais en développant sa culture, ses savoirs, ses compétences. Sans compter qu’entre l’entrée en sixième et la sortie de troisième, par exemple, la personne a littéralement changé de forme, vu qu’elle a gagné pas loin de 20% de sa taille de collégien en herbe. Mais même sur le plan psychologique, intellectuel, affectif, il n’y a pas uniformité, et c’est heureux ! C’est de nos différences que nous nous enrichissons les uns les autres, même si certaines différences s’expriment de façon perturbante pour le cours à certains moments. Enfin, pour revenir à l’idée d’ordre, une classe qui travaille, qui apprend, qui progresse, n’est souvent pas silencieuse. Pourtant, elle n’est pas non plus en désordre. Elle vit, elle échange, chacun de ses membres grandit à une vitesse non uniforme. Alors pourquoi faire comme si on se ressemblait tous ? A l’école, nous ne nous ressemblons pas, nous apprenons ensemble.
Alors en réalité que veut-on ? Un comportement de surface lisse, des rangs qui s’acheminent en silence vers leur classe, bien tous pareils ? Berk. Berk, berk, berk.

Il y a des tas de façon d’aider les familles pauvres à vêtir dignement leurs enfants. L’uniforme n’en fait pas partie.