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L’après confinement scolaire, par Véronique Decker

Sur le Café Pédagogique, un article propose la vision de l’après-confinement scolaire de Véronique Decker, professeure des écoles et directrice en Seine Saint-Denis, militante pédagogique (et dont l’ouvrage Trop classe ! est en téléchargement gratuit sur le site de l’éditeur).

La tête dans le guidon, voire même dans les guidons de plusieurs vélos en même temps, les enseignantes jonglent entre les envois de travaux, de jeux, de vidéos pédagogiques, de conseils d’émission de télévision, et des tentatives de classes virtuelles qui se heurtent en banlieue à deux écueils majeurs : la suroccupation des logements qui font qu’il n’est plus possible d’entendre ce que dit Souleymane, car ses deux frères se chamaillent et hurlent derrière lui, que la télé est restée allumée, et le fait que la plupart des enfants ne disposent que d’un téléphone portable pour faire lien avec ce qu’envoie l’enseignante. Le gouvernement est en train de mettre en place des envois de travaux par courrier, mais le temps que les codes arrivent puis que la poste relaye, alors que désormais les facteurs ne passent pas chaque jour, beaucoup d’enfants des cités auront déjà décroché. Jessica, qui ne savait lire qu’à peine, ne lit plus du tout et préfère s’occuper de son petit frère et regarder la télé avec maman.

Madame Decker rend ensuite un très bel hommage aux enseignants, qui essaient de surmonter les difficultés techniques, de compenser par eux-mêmes l’absence de formation aux nouvelles technologies et aux nouveaux moyens de communication, et qui eux-mêmes sont souvent parents et soutiennent leurs loulous.

Les parents réalisent qu’il est difficile d’être enseignant, qu’il faut de la patience et de l’autorité pour mettre les enfants au travail et cela les a rapprochés.

Et après, alors ?

Or le gouvernement, avec le dispositif « vacances apprenantes » semble bien mal parti, puis qu’il propose de l’aide par internet, aux élèves qui sont déjà connectés. Il faudrait précisément organiser l’inverse, et attendre la fin du confinement pour aller rechercher ceux qui ne peuvent pas communiquer virtuellement. Un peu comme le dispositif « devoirs faits », sur lequel le gouvernement a beaucoup communiqué l’an passé, mais sans dire qu’il commencerait en novembre, deux mois après le début des devoirs, pour d’arrêter en mars, non par en raison du confinement, mais parce que les crédits alloués étaient déjà consommés.

Je suis bien d’accord.

Il faudra former à la différenciation, et sans doute donner enfin plus à ceux qui ont eu le moins en installant de nombreux dispositifs « plus de maîtres que de classes » en élémentaire et des heures de demi-groupe en collège et en lycée pour donner plus d’heures aux élèves qui auront le plus souffert scolairement du confinement. Il faudra rétablir de véritables RASED implantés dans l’établissement ou le groupe scolaire pour construire des ateliers spécialisés pour les élèves qui auront décroché complètement, au-delà de la remédiation scolaire.

Cela amène aussi à une question qui me tient à coeur : la question de l’hygiène, et plus précisément des toilettes. Nous pourrions aussi profiter de la réflexion (enfin j’espère que réflexion il y aura) post-crise pour repenser l’hygiène à l’école. Parce que dans beaucoup d’établissements, les enfants ne disposent pas de locaux sanitaires adaptés : pas de savon, pas d’intimité, parfois des sanitaires sales, pas de papier, des procédures complexes (devoir passer demander l’ouverture des toilettes à des surveillants pour s’y rendre est un véritable obstacle pour beaucoup d’élèves). Je sais que la question est compliquée pour les équipes de vie scolaire et administrative. Mais que des enfants ne puissent pas se laver les mains (alors qu’ils tripotent tout à la demi-pension) et se retiennent d’aller faire pipi toute une journée, c’est intolérable. Madame Decker développe son propos sur ce point, et je trouve ça très bien, car on l’entend finalement assez peu sur le terrain.

Il faudra aussi venir à bout des ghettos sociaux qui redeviennent sources de contamination, et réinvestir la construction de logements publics destinés aux plus pauvres.  Cela paraîtra sans doute le moins important à la rentrée, face à l’urgence d’une rentrée derrière une période dans laquelle certains élèves auront travaillés pendant six mois, été compris, et ceux qui auront eu un grand vide dans lequel violence, suroccupation du logement, anxiété des ressources de la famille et parfois décès de proches auront frappé l’envie de grandir et d’apprendre.

J’ai téléchargé l’ouvrage Trop classe ! de madame Decker. Je vais bouquiner ça pendant les vacances.

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