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Enseigner ou évaluer ?

Dans un article du 6 novembre, le Café Pédagogique pose la question des progrès ou non au regard des évaluations nationales de début d’année. Deux points de vue s’opposent : Jean-Michel Blanquer affirme des progrès, Roland Goigoux (entre autre) n’est pas de cet avis.

 « Les évaluations réalisées en cette rentrée – les deuxièmes complètes après celles de 2018 – montrent des progrès significatifs sur les points clés : la fluidité de lecture et la capacité de calcul. Nous vivons un moment historique pour l’école : d’une part, la maîtrise des savoirs fondamentaux est en hausse – autrement dit : le niveau des élèves remonte – et d’autre part, l’amélioration est plus forte pour ceux qui viennent des territoires les plus défavorisés. Ça répond à mes deux objectifs principaux : hausser le niveau général, assurer plus de justice sociale », affirme JM BLanquer dans le Journal du Dimanche du 3 novembre.

L’étude de la DEPP, sur le site du ministère, est plus prudente et plus factuelle. Je m’intéresse ici aux mathématiques.

On y trouve l’avis des enseignants quant aux questions posées. Par exemple, la question sur la ligne numérique est jugée pertinente par peu d’enseignants, en CP comme en CE1. J’espère que le ministère va s’emparer de la question, car il y a là matière à réflexion pour les évaluations à venir, et quant au fond, du point de vue didactique :

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En revanche, les enseignants sont beaucoup plus satisfaits des temps alloués pour les passations. On pourrait en discuter pour les sixièmes, tiens, aussi. J’aurais des choses à dire, moi.

Sur l’utilité des évaluations pour la construction des groupes de besoin, le paragraphe utile des mots positifs (plus d’un tiers, stable), mais c’est assez dramatique : ces Capture d’écran 2019-11-10 à 12.27.02.pngévaluations semblent vues comme une volonté institutionnelle de mesurer les performances, déconnectées de la classe, et pas comme un outil pédagogique, pour les enseignants ayant répondu au questionnaire.

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Regardons les « performances » en maths cette année en CP et en CE1 :

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Pourquoi cette controverse ? D’abord parce qu’en français il est des domaines qui régressent, comme la compréhension de mots et la reconnaissance de lettres, que moins d’élèves réussissent. Mais aussi parce qu’en fait l’évolution est très modeste :

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Globalement, il y a du mieux, en mathématiques. Ce mieux est modeste, pas dans toutes les compétences, pas pour toutes les catégories de niveaux, mais on peut se dire que c’est déjà ça : l’évolution est positive, et elle concerne tout de même un effectif important d’élèves. D’un autre côté, tout est une question de regard : on peut se concentrer sur les régressions ou les absences d’évolutions. Mais sur un temps si court, qu’attendait-on ?

Et pour les publics en zone d’éducation prioritaire ?

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Le Café pédagogique écrit :

Mais si les écarts se réduisent faiblement entre éducation prioritaire (EP) et non EP, l’écart entre Rep et Rep+ augmente. Le document Depp ne s’étend pas sur cette réalité. Mais les données de la Depp le donnent à voir.

En effet, certains résultats sont explicites :

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Pour Roland Goigoux :

« Quand le ministre dit que le niveau monte, il parle du niveau moyen. Mais quand on regarde entre Rep et Rep+ c’est le fiasco », nous a dit Roland Goigoux, un spécialiste reconnu des apprentissages qui avait déjà analysé les résultats de 2018. « En Rep+ les performances sont toujours aussi mauvaises. S’il y a une réduction entre éducation prioritaire et hors éducation prioritaire, elle est légère. L’effet des dédoublements est positif mais faible. Les dédoublements ne fonctionnent pas ».

Que d’agitation médiatique, de colères, d’argent dépensé, aussi, autour de ces mesures de performances… Au final, qui aident-elles ? Les élèves ? Les enseignants ? Au vu de leurs dires, elles semblent surtout ne rien changer, ne rien apporter dans les classes. Et comme toujours, on cherche à montrer des résultats immédiats, éclatants. Mais on est dans la vraie vie. Une vraie vie dans laquelle les écoliers apprennent, les enseignants enseignent, les formateurs forment. Mais nous voulons mieux, et nous sommes tous d’accord sur ce point : plus d’expertise, plus d’égalité. De nouveaux dispositifs de formation se déploient et auront, sans doute, des effets, pour peu qu’il soient pérennisés de façon cohérente. Tout le monde de serait ravi de constater des progrès qui promettent des jours meilleurs pour les enfants à l’école, et dans leur vie future d’adultes et de citoyens.

Alors peut-être le ministère pourrait-il nous laisser du temps ? Du temps, et du calme. L’urgence, nous l’avons comprise. La motivation pour changer les choses, nous l’avons.  Le courage et la capacité de travail aussi. Mais pour bien travailler, il faut nous laisser nous concentrer.

Une réflexion au sujet de « Enseigner ou évaluer ? »

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