Ce matin, j’ai lu sur différents médias des réactions à la dernière publicité de Nana (accessible à partir de cet article par exemple), pour des serviettes hygiéniques. Je suis allée la voir, du coup. Comme je n’ai pas la télé, je ne l’avais pas croisée : elle date déjà d’au moins deux semaines.
J’avoue être tout à fait stupéfaite. On voit des représentations de pénis presque n’importe où, sur les tables des classes, dans les toilettes publiques, gravées sur les vitres des métros, mais imager le sexe féminin, oh non, surtout pas. Je ne vois pas du tout ce qu’il y a de « dégradant pour la femme » dans ce spot. En tout cas, je ne suis pas sentie dégradée du tout, moi. J’ai souri et puis j’ai continué mon chemin. Au moins la publicité est gaie, et a le mérite d’aborder la menstruation simplement. Or, tout montre que notre société a encore bien du mal avec les règles.
Parmi les réactions, j’ai lu par exemple :
J’ai aussi visionné des interventions sur des blogs, de femmes, d’ailleurs, qui s’insurgent. Il semble que deux ressentis un peu différents coexistent : ceux qui s’offusquent de la représentation du sexe féminin, et ceux qui sont choqués par l’image sur laquelle on voit du sang sur un serviette.
Il me semble que la première catégorie est bien excessive. On est là dans l’image, pas dans l’explicite, et quand j’entends comparer cette publicité à un film porno, je ne comprends pas. Cette publicité ne parle pas de sexualité, mais de menstruation. Et la menstruation se fait dans cette zone-là, ça, c’est un fait. Dans le genre, on pourrait proposer une vidéo d’accouchement, peut-être ces personnes relativiseraient-elles l’aspect « choquant » de la publicité.
Ensuite, il y a ceux pour qui l’image (fugitive) d’un peu de sang sur une serviette choque. Là encore, c’est juste comme ça que cela se passe, biologiquement. C’est déjà pénible d’avoir ses règles tous les mois, si en plus il faut se terrer pour que ça ne sa sache pas et surtout, continuer à faire son active-woman en skinny blanc, hé bien c’est bien dommage. Nos règles ne sont pas non plus un sujet de conversation, mais en faire un tabou, c’est idiot : la semaine dernière, une élève était manifestement en difficulté dans ma classe. Lorsque je suis allée la voir, elle m’a dit qu’elle avait besoin d’aller aux toilettes, mais qu’elle ne voulait pas demander parce que ce n’était pas pour aller faire pipi, excusez-moi-madame-de-vous-parler-de-ça-mais-vous-voyez-ce-que-je-veux-dire-?, et qu’elle avait peur que cela se sache. Elle était au bord des larmes. C’est que passer de non menstruel à menstruel, ce n’est pas si simple, par rapport à sa propre image de soi. Sans « devenir une femme », on bouge, forcément. La semaine d’avant, une autre élève est venue me voir parce qu’elle ne savait pas si elle avait le droit d’aller voir l’infirmière, pour avoir un anti-douleur car elle avait mal au ventre : « on m’a dit qu’il faut avoir mal et rien prendre ». En 2019, ce type de parole circule encore ? On paie toujours la pomme, dans l’imaginaire collectif ?
Alors ce serait bien que la société prenne tout ça de façon naturelle, sans excès, et permette à chacun de vivre tranquillement sans créer de faux problèmes.
Merci pour ce poste, qui fait beaucoup de bien !
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🙂
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post !
Maudite relecture
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